Le premier secours Delahaye de 1913 des pompiers de Paris


A la fin du IXXème chaque centre de secours parisien est équipé de quatre voitures hippomobiles : un départ attelé, un fourgon, une échelle et une pompe à vapeur. Parmi ces quatre voitures aucun porteur d’eau.

Si la pompe à vapeur, arrivée en France en 1861 (Le Havre) et 1869 à Paris, permet d’atteindre des débits importants (1800 litres/min pour les plus grosses), son délai de mise en œuvre est important (attente de la montée en pression). Pour cette raison l’état major du régiment lance l’étude d’un engin réduisant les délais d’intervention et surtout d’attaque du feu.

Est alors construit dans les ateliers du régiment, sous la direction du capitaine ingénieur Cordier, le premier véhicule d’incendie porteur d’eau. Il est mis en départ en 1899, sous la forme d’un fourgon automobile, à traction électrique, équipé d’une tonne de 400 litres, d’une pompe à pistons permettant un débit de 80 litres/min. L’engin est équipé d’une nouveauté: un dévidoir (40 mètres de tuyau semi-rigide) directement relié à la pompe et la tonne. Sa mise en œuvre est donc rapide et laisse un peu de temps aux servants pour alimenter l’engin à partir d’une bouche à incendie.

Baptisé pompe électrique, deux exemplaires sont mis en service. Ils feront tous deux partis du dispositif de protection de l’Exposition universelle en 1900 à Paris.

Le début du siècle suivant est marqué par l’arrivée des moteurs à explosion. A Paris la première voitures avec ce type de propulsion est un fourgon-pompe Delahaye avec pompe Farcot pouvant alimenter trois grosses lances. Cet engin ne comporte pas de citerne d’eau, les bouches à incendie sont en général suffisamment nombreuses à Paris. Les pompiers de Paris vont s’équiper largement de cet engin,trente-deux fourgons-pompes en 1912, et ainsi offrir une puissance d’extinction impressionnante.

En 1909 est mise en service une autopompe Delahaye qui tient à la fois du fourgon-pompe et du premier-secours qui arrivera un peu plus tard. Comme le fourgon-pompe, elle est équipée d’une pompe de 110 m3/h, attelée au moteur de propulsion, de trois dévidoirs mobiles armés de tuyaux de 70 mm de diamètre. Mais cet engin embarque une citerne de 400 litres d’eau et un dévidoir tournant, de 40 mètres de tuyaux de 35 mm, directement connecté à la pompe.  Une lance est donc opérationnelle dès qu’il se présente sur les lieux d’intervention. Son équipage est constitué de huit hommes.

Mais on cherchait un engin d’action plus rapide, de plus faible puissance pouvant intervenir sur des sinistres de faible et moyenne intensités. Remplaçant de la pompe électrique, il devait également être armé par un équipage moins nombreux (le fourgon-pompe est armé par quinze hommes !). Est lors mis en service en 1913 le premier premier secours. Propulsé par un moteur Delahaye de 20 ch, il est équipé d’une pompe à pistons1A l’époque les pompes à pistons étaient jugées plus performantes que les pompes centrifuges.de plus faible débit,  60 m3/h, mais également d’une tonne de 400 litres. Il porte un dévidoir tournant avec 40 mètres de tuyaux de 23 mm et un dévidoir mobile avec 200 mètres de tuyaux de 70 mm de diamètre. Il est équipé d’une échelle à crochet. Il est armé par six hommes. La transmission se fait par chaine et ses roues sont encore à bandage.2La bande de roulement est une couche d’usure en caoutchouc, fixée autour de la jante d’une roue. C’est elle qui va supporter l’usure du fait du contact avec le sol et non la jante. Elle sera remplacée plus tard par le pneu, inventé par l’écossais John Boyd Dunlop en 1888. Celui-ci n’est pas plein mais rempli d’air ou de gaz. Il permettra d’améliorer l’adhérence, la résistance aux vibrations et l’amortissement.. L’engin est équipé d’un deux-tons pneumatique alimenté par une pompe manuelle actionnée par une pédale située au pied du sous-officier chef d’agrès assis sur la banquette avant, à côté du chauffeur.

Plus rapide que les fourgons-pompes, il peut procéder à un attaque du feu sans raccordement immédiat à un poteau ou à un bouche d’incendie grâce, là aussi, à son dévidoir tournant connecté à une tonne et à la pompe et qui permet d’établir rapidement une petite lance. Il dispose ainsi de quelques minutes d’autonomie déterminantes dans l’attaque des feux naissants. Sa dotation en tuyaux de plus fort diamètre, 200 mètres en 70 mm, lui permet d’établir une grosse lance si celle-ci est nécessaire.
A lui seul il traitera plus de 80 % des feux. Une trentaine d’exemplaires de cet engin sont mis en service au Régiment.

En 1914, à l’aube de la Première guerre, vingt-quatre premiers secours sont en départ. Il sont mis à rude épreuve pendant le conflit. Ils sont également mis en œuvre pour alerter les parisiens de l’imminence d’un raid aérien (voir le dossier) en parcourant les rues de paris avec un clairon sonnant le garde à vous et la berloque en fin d’alerte.

Et puis en 1926 est mis en service son remplaçant: le premier secours Delahaye type 92 PS. Il préfigure le premier secours moderne. Ses lignes sont rondes et fluides. D’un point de vue technique il est équipé de vrais pneumatiques (et non plus de roues à bandages), la transmission est réalisée par un arbre à cardans et non plus par chaînes. Il est armé par 5 hommes, porte une tonne de 300 litres et anime une pompe de 60 m3/heure.
Par ailleurs il sera le premier véhicule d’incendie équipé de l’avertisseur électrique deux tons appelé, lui aussi, à un bel avenir !

Une collection de photographies

Notes

Notes
1 A l’époque les pompes à pistons étaient jugées plus performantes que les pompes centrifuges.
2 La bande de roulement est une couche d’usure en caoutchouc, fixée autour de la jante d’une roue. C’est elle qui va supporter l’usure du fait du contact avec le sol et non la jante. Elle sera remplacée plus tard par le pneu, inventé par l’écossais John Boyd Dunlop en 1888. Celui-ci n’est pas plein mais rempli d’air ou de gaz. Il permettra d’améliorer l’adhérence, la résistance aux vibrations et l’amortissement.