L’explosion du Bd Périer, Marseille, février 1985


Vue des derniers étages et des combles
Vue des derniers étages et des combles

Fourgon et échelle de la caserne Louvain
Fourgon et échelle de la caserne Louvain

Fourgon et véhicule de liaison de Louvain
Fourgon et véhicule de liaison de Louvain

Fourgon-pompe tonne de la caserne Louvain
Fourgon-pompe tonne de la caserne Louvain

Fourgon-pompe tonne léger de la caserne Louvain
Fourgon-pompe tonne léger de la caserne Louvain

Le <EM>Pacha</em> se présente
Le Pacha se présente

Des fumées suspectes

Le mardi 5 février 1985 en début d’après-midi un appel arrive au standard du Bataillon de marins-pompiers de Marseille. L’appel émane du gérant d’une concession Datsun située avenue du Prado dans le 8ème arrondissement de Marseille. L’appel indique un dégagement de fumée depuis le soupirail d’un bâtiment de six étages et combles, datant de 1930 et situé à l’angle de l’avenue du Prado et du boulevard Périer. La concession est installée au rez-de-chaussée. Les renseignements donnés sont vagues.

Un fourgon-pompe tonne léger, celui de la caserne d’Endoume, est activé alors qu’il termine une intervention en appui d’un secours à personne. Mais la caserne de Louvain, qui couvre ce secteur, fait immédiatement partir une Générale Ville, c’est à dire un départ constitué de deux engins-pompes et d’une échelle : un fourgon-pompe tonne Berliet/Camiva, un fourgon-pompe tonne léger Renault/Sides et une échelle pivotante semi-automatique de 24 mètres Berliet/Camiva. Ces trois engins sont les premiers à se présenter accompagnés d’un véhicule de liaison, baptisé véhicule radio ville (VRV) à Marseille. C’est une Renault 4L en départ également depuis la caserne de Louvain.

Gaz de France (GDF) est prévenu: Fumées suspectes au 132 avenue du Prado et envoie sur place l’équipe la plus proche, constituée de deux agents qui, à leur arrivée quelques minutes plus tard, procèdent à la fermeture de l’alimentation en gaz de l’immeuble. Ils informent par radio le Bureau central de desserte-gaz.

Les marins-pompiers du fourgon-pompe tonne léger qui ont effectué une reconnaissance et ont rendu compte d’un feu de cave dans le sous-sol du garage Datsun, le maitrisent rapidement à l’aide de la lance du dévidoir tournant. Il est 15h15, la circulation sur le boulevard Périer n’a pas été interrompue. L’équipe du fourgon-pompe tonne investigue encore les étages.

L’explosion

A 15h18 c’est l’explosion. C’est en fait une double explosion, d’une grande violence, à la fois dans les caves et les combles de l’immeuble. Le toit est soulevé, des débris sont projetés dans les rues avoisinantes, des blocs de béton, des morceaux de bois, des gravats… heurtent dans leurs chutes des passants, des marins-pompiers, des gardiens de la paix et plusieurs véhicules en stationnement ou en circulation. La cabine du fourgon-pompe tonne léger Sides de Louvain est traversée par ce qui semble être un fragment de poutre.

Un jeune automobiliste de dix huit ans au volant de son automobile est tué sur le coup. Dix neuf marins pompiers sont blessés et seront hospitalisés à l’hôpital Sainte-Marguerite1Cet hôpital, situé dans le 9ème arrondissement, va recevoir la plupart des blessés. L’Hôtel-Dieu recevra les grands brulés tandis que celui de la Timone ceux soufrant de traumatismes crâniens.. L’un d’entre-eux en faction devant l’immeuble à proximité du fourgon-pompe tonne est tué sur le coup ainsi qu’un sous-brigadier de la police nationale avec lequel il s’entretenait.

Le deuxième étage de l’immeuble s’effondre. Une vingtaine d’habitants sont pris dans la tourmente.

Les secours et renforts

Les renforts affluent: des véhicules de secours aux asphyxiés et blessés (VSAB), les équipes de sauvetage déblaiement2Le GRIMP, Groupe de reconnaissance et d’interventions en milieux périlleux n’existe pas encore., les équipes cynotechniques, des moyens aériens et en particulier le bras élévateur articulé hi-Ranger, des secours médicaux (véhicules radio médicalisés R5 et Peugeot 305 ) l’engin de dégagement du Bataillon sur châssis Mercedes Unimog … Le Service d’aide médicale urgente (SAMU) est activé, des ambulances privées sont sollicitées… Plus d’une centaine de secouristes a participé aux opérations de secours3Les plans blanc et rouge n’existent pas encore et sont en cours de conception après les attentats meurtriers de Paris du début des années 1980..

Le corps sans vie d’un agent EDF est découvert dans les gravats, le second est grièvement blessé et décède le lendemain de ses blessures. Toutes les victimes sont rapidement dégagées et hospitalisées dans l’après-midi.

Le bilan

Si l’incendie en lui même n’était pas dangereux –  il a été rapidement maitrisé – il a quand même eu le temps de provoquer la fonte d’une canalisation de gaz avant que les agents GDF, qui sont pourtant intervenus très rapidement, aient actionné les vannes d’arrêt. Une poche de gaz s’est ainsi accumulée en sous-sols avant de se propager dans les étages par la cage d’escalier. Les marins-pompiers, qui s’attaquaient au feu, ne l’ont pas détectée car ils portaient des appareils respiratoires isolants du fait de l’espace confiné dans lequel ils intervenaient4On utilise aujourd’hui des explosimètres qui détectent ce type de risques avec une grande fiabilité.. De plus les émanations de fumées dues aux détritus qui brulaient ont probablement masqué l’odeur de gaz.

En revanche le bilan humain et matériel de l’explosion est terrible. Six tués : un quartier maitre marin-pompier5Le quartier-maître Patrick Repetto, âgé de 23 ans. La contre-allée où il est tombé, voisine du boulevard Périer, porte aujourd’hui son nom. En 2016 un moyen nautique du Bataillon sera également baptisé de son nom., un sous-brigadier de la police nationale6Le sous-brigadier François Ferrante, 32 ans, gardien de la paix au commissariat du 8ème arrondissement de Marseille., deux agents GDF7Pierre Falanga, 34 ans et Patrick Blanquer, 29 ans., un passant au volant de sa voiture8Denis Bretin, 18 ans., un employé de la concession Datsun9Adrien Sportiello, 50 ans.. On déplore également une quarantaine de blessés: marins-pompiers, passants, gardiens de la paix…

Un hommage solennel est rendu aux victimes le vendredi 8 février,  en présence des autorités civiles, militaires et religieuses, sur le quai d’honneur du Vieux-Port devant l’Hôtel de ville.

Chaque année se déroule, au centre d’incendie et de secours de Louvain, une cérémonie en hommage aux victimes.

Notes

Notes
1 Cet hôpital, situé dans le 9ème arrondissement, va recevoir la plupart des blessés. L’Hôtel-Dieu recevra les grands brulés tandis que celui de la Timone ceux soufrant de traumatismes crâniens.
2 Le GRIMP, Groupe de reconnaissance et d’interventions en milieux périlleux n’existe pas encore.
3 Les plans blanc et rouge n’existent pas encore et sont en cours de conception après les attentats meurtriers de Paris du début des années 1980.
4 On utilise aujourd’hui des explosimètres qui détectent ce type de risques avec une grande fiabilité.
5 Le quartier-maître Patrick Repetto, âgé de 23 ans. La contre-allée où il est tombé, voisine du boulevard Périer, porte aujourd’hui son nom. En 2016 un moyen nautique du Bataillon sera également baptisé de son nom.
6 Le sous-brigadier François Ferrante, 32 ans, gardien de la paix au commissariat du 8ème arrondissement de Marseille.
7 Pierre Falanga, 34 ans et Patrick Blanquer, 29 ans.
8 Denis Bretin, 18 ans.
9 Adrien Sportiello, 50 ans.