L’évolution du casque sapeur-pompier modèle 1812 (1812-1855)
Le Premier Empire
On le sait le premier corps de pompiers militaires a été le Bataillon de sapeurs-pompiers de la Ville de Paris crée par Empereur Napoléon 1er, en septembre 1811. Ses effectifs sont prélevés parmi les sapeurs du génie de la Grande Armée. Depuis juillet 1810 ces derniers assuraient déjà le service des pompes des Palais impériaux1Paris, Saint-Cloud, Rambouillet…. L’empereur ne faisant plus confiance aux gardes-pompiers parisiens depuis l’incendie meurtrier de l’Ambassade d’Autriche,2L’incendie de l’Ambassade d’Autriche est survenu pendant un bal donné en l’honneur du mariage de l’Empereur avec l’archiduchesse Marie-Louise d’Autriche, le 1er juillet 1810. L’Empereur lui même échappa de peu à ce sinistre meurtrier. il a étendu le service de ses sapeurs au service incendie de la Capitale.
Ces premiers sapeurs-pompiers portaient donc l’uniforme des sapeurs du génie et très probablement leur casque, au moins au début de leur existence. Il remplace ainsi le casque des gardes-pompes porté jusque là. C’est un casque argenté à chenille avec une bombe haute inclinée vers l’arrière à la manière des casques antiques avec un haut cimier. Il est dit casque à la romaine ou à l’antique ou encore à la Minerve. Ce type de casque fait son apparition dans l’armée à la Renaissance mais est surtout popularisé à partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle et au XIXe siècle, en particulier lors des guerres napoléoniennes. La forme était censée évoquer celle des casques de parade à cimier des officiers des légions romaines3L’armée française conservera des casques de ce type jusqu’au début de la Première Guerre mondiale..
Il porte une plaque dite plaque à l’aigle. L’Aigle impériale a la tête tournée vers la droite (en fait sur sa gauche), ses ailes sont déployées et ses serres maintiennent le fuseau de Jupiter4Dieu souverain, il a pour attributs l’aigle et la foudre, placé au-dessus des autres dieu, il garde un droit de regard sur toute chose..
En 1812 ces pompiers portent un nouveau casque, très proche de celui du génie quant à sa forme et ses attributs, mais entièrement en laiton. Il est fabriqué par A. Daupley, dont les ateliers sont situés à Paris rue d’Anjou Saint-Honoré (aujourd’hui dans le 8ème arrondissement). Il porte encore une chenille en crin tressé, taillée en boule à l’avant se rétrécissant vers l’arrière du casque.
La bombe est constituée de deux coquilles ajustées au milieu. La jointure est cachée par le cimier, fixé à la coque par sept vis et écrous, et la plaque frontale. Les jugulaires sont ornées de fausses écailles de poissons et fixées à la bombe par des rosaces. Une petite visière est fixée à l’avant de la bombe. Une deuxième visière, relevable, est maintenue contre la bombe par les rosaces des jugulaires. Celle-ci est descendue en service au feu pour protéger les yeux du sapeur-pompier. Elle est simplement estampillée de deux haches croisées réunies par un ruban. Un couvre-nuque, à l’arrière, protège la nuque. Le casque d’officier est doré au mercure.
Il est orné d’un porte-plumet à gauche de la bombe. Chenille et plumet se retirent pour le service au feu.
La plaque frontale porte les armes de la ville, deux branches de chêne et de laurier, le tout surmonté de l’aigle et de la mention Sapeurs-pompiers de la ville de Paris.
Comme cela se produira fréquemment les tenues et coiffures portés par les pompiers de Paris seront déclinées en versions destinées aux corps civils et communaux de Province. Daupley présente ainsi son casque de 1812 : Il se trouve devant une visière qui met la figure à l’abri des dangers et se relève à volonté, il reste une petite visière pour garantir les yeux ; derrière le casque se trouve un cache-nuque ; il se rapporte une crinière qui se retire à volonté lorsqu’on va au feu.
Daupley le propose à un prix de 120 francs pour un casque d’officier doré, 40 francs pour celui de sous-officier, 27 francs pour celui de simple pompier. C’est donc un casque relativement onéreux et on le retrouve surtout au sein des corps de pompiers des grandes agglomérations (Mulhouse…) et des communes qui peuvent y consacrer le budget nécessaire. Il porte alors une plaque spécifique avec les armes de la commune d’appartenance du corps avec la mention sapeurs-pompiers de… ou pompiers de…. La visière peut être décorée des symboles habituels de la profession : haches, bûchers, lance, grenade, feuillages de chêne et de laurier…
D’autres fournisseurs fabriqueront ce même modèle avec quelques variantes en particulier sa hauteur qui aura tendance à diminuer.
La Restauration (1814/15 – 1830)
Le casque modèle 1812 originel aura une carrière courte puisque Napoléon Bonaparte abdique en avril 1814. La monarchie, de retour avec Louis XVIII, voudra éliminer toute la symbolique impériale : l’Aigle, les abeilles5Les abeilles ont été empruntées par Napoléon à Childéric Ier, le fondateur de la dynastie mérovingienne, le père de Clovis. Elles raccrochaient l’empereur à la royauté, tout en faisant l’impasse sur la fleur de lys.… sont retirées des drapeaux, des bâtiments, des documents…. au profit des fleurs de Lys.
Ainsi le casque modèle 1812, porté pendant la restauration, voit sa plaque attribut fleurdelysée et donc porter trois fleurs de Lys à la place de l’Aigle Impériale et surmontées d’une couronne royale. Les flancs de cimier sont à godrons émergeant de feuillages. Le masque est orné d’une grenade.
Un modèle dérivé beaucoup plus décoré, en particulier sur la visière, parfois sur la bombe sous la forme d’arabesques, fait son apparition. Il est quelquefois dénommé, à tort, modèle 1821. Il comporte parfois un cimier plus haut.
La Monarchie de juillet (1830 – 1848)
Après la révolution dite des Trois Glorieuses, en juillet 1830, Louis-Philippe Ier succède à Charles X (lui même ayant succédé à Louis XVIII), la Monarchie de juillet succède à la Restauration. Le roi de France devient le roi des français et une ordonnance propulse le coq gaulois comme nouvelle symbolique du Régime. On le retrouve alors sur les drapeaux de la garde nationale et des différents corps d’armée, sur les boutons d’uniforme… Le 27 mars 1831, Louis-Philippe remet à chaque région le drapeau tricolore rétabli et orné, au sommet de sa hampe, du coq gaulois, une patte posée sur un globe sur lequel est inscrit France.
Là encore le casque des sapeurs-pompiers, sur la base du modèle 1812, ne change pas vraiment pas si ce n’est la plaque attribut où les fleurs de lys sont donc remplacées par le coq hurlant, une patte posée sur le globe. Les fleurs de Lys sont souvent simplement limées ou martelées. On désigne parfois ce modèle modèle 1830.
Ils arrivent aussi qu’elles soient simplement masquées par un cache amovible pouvant être retiré si la royauté revenait dans la Maison des Bourbons à laquelle appartiennent Louis XVIII et Charles X 6Louis-Philippe 1er appartient à la Maison d’Orléans, branche cadette de la Maison des Bourbons.! Ce fut le cas par exemple pour les sapeurs-pompiers de Besançon. Un démarche qui indique une certaine orientation politique !
Le Shako, porté également par les pompiers de cette période, porte aussi une plaque au coq.
Le successeur
Le casque modèle 1812 aura eu une belle carrière puisqu’il ne sera remplacé qu’en 1855, avec l’avènement du Second Empire. On retrouvera alors la symbolique impériale : l’Aigle, le fuseau de Jupiter… Plus fonctionnel, il sera sans chenille ni visière rabattable…. et fera l’objet d’une prochaine étude de netpompiers !
Notes
↑1 | Paris, Saint-Cloud, Rambouillet… |
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↑2 | L’incendie de l’Ambassade d’Autriche est survenu pendant un bal donné en l’honneur du mariage de l’Empereur avec l’archiduchesse Marie-Louise d’Autriche, le 1er juillet 1810. L’Empereur lui même échappa de peu à ce sinistre meurtrier. |
↑3 | L’armée française conservera des casques de ce type jusqu’au début de la Première Guerre mondiale. |
↑4 | Dieu souverain, il a pour attributs l’aigle et la foudre, placé au-dessus des autres dieu, il garde un droit de regard sur toute chose. |
↑5 | Les abeilles ont été empruntées par Napoléon à Childéric Ier, le fondateur de la dynastie mérovingienne, le père de Clovis. Elles raccrochaient l’empereur à la royauté, tout en faisant l’impasse sur la fleur de lys. |
↑6 | Louis-Philippe 1er appartient à la Maison d’Orléans, branche cadette de la Maison des Bourbons. |