Les bateaux-pompes Pythéas des marins-pompiers de Marseille (1952 – 2019)


Le Pythéas, premier du nom

En 1949 le ministère de la France d’Outre-Mer missionne les Chantiers Navals Franco-Belges pour la construction de deux bateaux-pompes destinés à assurer la sécurité des navires et des installations portuaires dans le Golfe du Tonkin. On était alors en pleine Guerre d’Indochine (1946-1954).

Toutefois les deux navires se retrouvent de fait sans affectation, avant même d’être livrés, par suite du retrait des forces françaises.

L’un d’entre-eux rejoindra le port de bordeaux. Armé par les sapeurs-pompiers il y assurera son service pendant près de 30 ans sous le nom de baptême Commandant Filleau1Les Chantiers Navals Franco-Belges construiront d’autres Bateaux-pompes pour la Marie nationale de 1956 à 1969: Le Geyser pour Cherbourg, le Gave et l’Embrun pour Brest, l’Oued et l’Aiguières pour Toulon, le Cascade pour Lorient…,
L’autre, acquis par la Chambre de commerce de Marseille, rejoindra, par voies fluviales, le port de Marseille pour y être armé par le Bataillon de marins pompiers qui assure depuis juillet 1939 les secours de la cité phocéenne.

Il est baptisé Pythéas, du nom d’un géographe et navigateur originaire de Massalia, qui deviendra Marseille.

Il est long de 21,10 mètres de long sur 4,75 mètres de large et déplace 66 tonnes. Il est propulsé par deux moteurs de 250 cv et deux hélices à pas variables et réversibles.

Le service incendie est assuré par deux pompes Bérenger Sabatier de 730 m3/h à 8 bar en parallèle et 365 m3/h à 16 bar en série. Elles sont attelées aux moteurs de propulsion. Elles alimentent trois lances Monitor, l’une située sur le toit de la timonerie, l’autre sur le pont avant et la dernière sur une tourelle rabattable.

Le Pythéas embarque une station mousse constituée de quatre réservoirs de 1200 litres de liquide émulseur et d’un canon à mousse positionné sur le toit de la timonerie.
Il est retiré du service en 2003, remplacé par le Pythéas II, et il est vendu en 2004 à un particulier qui souhaite le convertir en navire base pour plongeurs ou le destiner à la récupération d’épaves grâce à ses pompes.

Le Pythéas II

En Avril 2001, en remplacement du Pythéas, est mis en service le Pythéas II construit par les Chantiers Prometa à Saint-Raphaël. C’est en fait une barge autopropulsée baptisée navire d’intervention portuaire ou NIP.

Sa plateforme, sa rampe d’accès par l’avant et une grue hydraulique Hiab de 9 tonnes de charge à l’arrière lui permettent d’embarquer et de débarquer du matériel d’intervention (motopompes, véhicules incendie de moins de 3.5 tonnes, matériels de lutte contre la pollution…) de quai à quai. Par exemple à destination des îles au large de Marseille, comme l’Ile du Frioul défendue par un centre de secours avancé des marins pompiers de Marseille.

Une autre mission dévolue au Pythéas II consiste à acheminer du matériel d’incendie sur la Grande Jetée, un ouvrage en eaux profondes de près de sept kilomètres de long qui épouse la forme des ports de la Joliette et d’Arenc. En fonction du trafic des navires peuvent y mouiller ou encore y stationner pour un hivernage ou des réparations. Cette jetée est reliée à la terre par deux ponts, l’un tournant et l’autre levant. En cas de dysfonctionnement de ces ponts la Grande Jetée devient une île et en cas de sinistre le NIP Pythéas II pourrait y décharger le matériel adéquat pour le combattre.

Long de 16 mètres et large de près de 7 mètres, le NIP Pythéas II déplace 22 tonnes et 30 tonnes en charge. Son tirant d’eau est inférieur à 1.50 mètre. Il est propulsé par deux moteurs Iveco indépendants de 200 CV entraînant chacun un arbre d’hélice. Un autre moteur entraîne une centrale hydraulique.

Embarcation d'un VSAV à bort du Pythéas II à destination de l'Ile du Frioul
Embarcation d'un VSAV à bort du Pythéas II à destination de l'Ile du Frioul

L’hydraulique incendie est constituée de deux groupes motopompes fournissant chacun un débit 360 m3/heure. Deux lances Monitor sont installées sur le toit de la timonerie d’un débit de 3 000 l/min.
L’ensemble est complété par un réservoir de 2000 litres de liquide émulseur pour la production de mousse extinctrice. Un collecteur de refoulements permet d’alimenter des lignes de tuyaux.

Il peut déployer des barrages antipollution.

Le NIP est armé par quatre hommes : un patron, un mécanicien et un binôme d’intervention. Il peut embarquer 22 personnes au total.

La validité du permis de navigation du Pythéas II arrivait à échéance au débit de l’année 2019 et il n’est plus en service depuis février 2019. Le navire en très bon état a alors mis en vente.

Les bateaux-pompes Lacydon avait été retiré du service en 2013 et le Louis Colet en 2015. La force de frappe des moyens nautiques du Bataillon est aujourd’hui assurée par deux bateaux-pompes légers (BPL) mis en service en 2018/2019 et construits par le chantier Socarénam, le Matelot Louis Colet et le Capitaine de vaisseau Paul Brutus auxquels nous consacrerons bientôt un dossier sur netpompiers.

Une collection de photographies

Notes

Notes
1 Les Chantiers Navals Franco-Belges construiront d’autres Bateaux-pompes pour la Marie nationale de 1956 à 1969: Le Geyser pour Cherbourg, le Gave et l’Embrun pour Brest, l’Oued et l’Aiguières pour Toulon, le Cascade pour Lorient…