Les engins d’incendie American Lafrance types 700/800 des sapeurs-pompiers américains (1947-1959)


Immédiatement après la Seconde guerre mondiale un des leaders de la conception et de la construction de véhicules d’incendie1Les autres grands fournisseurs d’engins d’incendie étaient Mack, Seagrave…, American LaFrance, situé à Almira (État de New York), met sur le marché une ligne d’engins aménagés sur la base du nouveau châssis, le type 700. Ce dernier présente la particularité de positionner le moteur derrière l’essieu avant. Ainsi le conducteur est positionné devant le moteur. Un profil de châssis qui contrastait avec celui des modèles précédents, les types 500 et 600, construits pendant la Guerre.

American Lafrance a été le premier fournisseur à produire des engins d’incendie dans cette configuration. Crown produira le sien en 1951 puis Mack en 1956 avec le châssis Mack C.

Cette nouvelle approche de la conception de l’engin d’incendie arrivait à point nommé. Du fait du conflit mondial et de la dépression qu’il a provoqué, en particulier avec le manque de matières premières, la plupart des corps de pompiers américains avaient pris du retard dans le renouvellement de leurs parcs matériels.

Plus de 3 000 engins aménagés sur le châssis type 700 seront produits, ce qui témoigne d’un beau succès.

Cette nouveauté, la cabine avancée, promise à un bel avenir, présentait plusieurs avantages:

  • des dimensions plus compactes avec un empattement plus réduit et un rayon de braquage amélioré,
  • une réduction du poids sur l’essieu avant avec en conséquence une meilleure maniabilité de la direction,
  • une meilleure visibilité vers l’avant de l’engin, un gain de près de 250 % selon le constructeur par rapport aux modèles précédents de types 500 et 600.

Cabine avancée du châssis American LaFrance 700
Cabine avancée du châssis American LaFrance 700

Cabine ouverte du châssis American LaFrance 700
Cabine ouverte du châssis American LaFrance 700

La partie avant, sans calandre, est effilée et elle n’est pas sans rappeler l’avant de motrices ferroviaires comme la GM d’Electric Motors produite à la même époque.
L’engin-pompe standard est à simple cabine, avec deux portes et un auvent à l’arrière de la cabine avec deux sièges de part et d’autre du compartiment moteur, pouvant recevoir deux personnels assis dos vers le sens de déplacement de l’engin.
L’engin pouvait être aussi livrée avec une cabine ouverte avec glaces latérales.

Le type 700

Il est porteur d’eau, en général environ 1 400 litres (300 gallons). La pompe incendie, entrainée par le moteur de propulsion, est une pompe centrifuge en bronze à deux étages de pompes de 500 à 1500 gpm (environ 2200 à 6900 l/min) en fonction de la puissance du moteur. Ce dernier est un moteur V12 de 170, 204, 215 ou 275 ch.
Le panneau de commande hydraulique est situé sur le flanc droit de l’engin-pompe.

Le châssis a été aussi utilisé pour recevoir des échelles métalliques de 65, 75, 85 et 100 (environ 20, 23,26 et 30 mètres), certaines sur des châssis semi-remorques. Là aussi la puissance du moteur est sélectionnée en fonction de la hauteur de l’échelle pivotante à faire manœuvrer.

Les engins sont livrés en version autopompe standard (triple c’est à dire tonne, pompe et dotation en tuyaux) ou en version quad (échelles, pompe, dotation en tuyaux et tonne d’eau) ou quint (idem mais avec une échelle aérienne pivotante). Un dévidoir tournant est positionné à l’arrière au fond du marchepieds. D’autres autopompes sont équipées de deux dévidoirs tournants à l’arrière de la cabine et dévidant latéralement. D’autres encore portent des projecteurs toujours à l’arrière de la cabine. Deux ou trois aspiraux complètent l’équipement.

Ils peuvent être livrés avec une lance sur affut située à l’arrière de la cabine. Les pompiers de New York mettront en service plusieurs exemplaires de cette version.

Plusieurs aéroports américains – Houston (Texas) en 1953, Syracuse (NY) en 1953, San Antonio (Texas) et Hartford (Connecticut) en 1948…- se sont équipés avec un engin de type crash truck sur un châssis type 700 toutes roues motrices, porteur d’une réserve d’eau (environ 2 300 litres, 500 gallons) et de liquide émulseur (environ 230 litres, 50 gallons). Ces engins portent également plus de 130 kg de dioxyde de carbone (300 pounds) en quatre extincteurs avec une lance tromblon. Équipés également avec une lance sur affût (débit de plus de 720 l/min, 190 gpm). La pompe à incendie offre un débit d’environ 2 300 l/min (750 gpm) à une pression de plus de 8 bar (125 psi) ou 1 600 l/min (350 gpm) à 20 bar (300 psi) . Ces engins sont propulsés par un moteur V12. Le montage de la pompe permet de l’utiliser lorsque l’engin roule. En 1954 American LaFrance produit, pour la Marine américaine, un autre engin de type crash truck, sur la base du châssis militaire M44 6×6 5 tonnes et de la cabine du type 700, animé par un moteur six cylindres de 320 ch. Il est baptisé YDXF-1. Il porte près de 3 200 litres de liquide émulseur, un canon mousse et 365 mètres de tuyaux. Il arme une pompe à incendie d’un débit de plus de 3 400 l/min. Il donnera lieu à une déclinaison 4×4.

Une version fourgon de sauvetage (rescue) a également existé et embarquait un grand nombre de matériels et outils de levage, forcement, écartement, éclairage, ventilation2La première unité de sauvetage, baptisée rescue squad, a été créée en 1915 à New York.

En 1955 American LaFrance introduit trois modèles de moindre cout baptisés Protector, Ranger et Crusader. Ces modèles présentent une cabine ouverte sans glaces latérales, un parechoc peint et quelques modifications de carrosserie. Ils sont animés par un moteur Continental Motors à la place du moteur V12 habituel.

La production du châssis type 700 a cessé en 1959. Plus de 3 000 engins d’incendie auront été produits sur ce châssis type 700.

Le type 800

En 1956 American Lafrance introduit le type 800 pour compenser la baisse des ventes du type 700 et faire baisser les coûts de production. Extérieurement très comparable aux modèles « économiques » introduits l’année précédente, il se distingue du type 700 par quelques modifications de carrosserie, par exemple une partie arrière plus haute et anguleuse, compartimentée en coffres, mais surtout par sa motorisation. Le type 800 peut être animé par six versions de moteurs six cylindres Continental Motors ou par le moteur V12 de type J d’American Lafrance de 215 ch.

Il est décliné en cinq versions, exclusivement des fourgons-pompes standards : Scout avec une pompe incendie de 500 gpm, Pumper (750 gpm), Invader (1 000 gpm), Spartan (1250 gpm) et Metropolitan (1 500 gpm), soient des débits de 1 900 l/min à 5 700 l/min environ. Le panneau de commande hydraulique est situé sur le flanc gauche de l’engin-pompe.

Ce type ne rencontre pas un grand succès et un peu plus de trois centaines d’engins seulement ont produites entre 1956 et 1958.

C’est le type 900 qui remplacera les types 700 et 800 à partir de 1958.

Une collection de photographies

Notes

Notes
1 Les autres grands fournisseurs d’engins d’incendie étaient Mack, Seagrave…
2 La première unité de sauvetage, baptisée rescue squad, a été créée en 1915 à New York.