Le bateau-pompe Commandant Filleau de Bordeaux (1952 – 2005)


Le bateau-pompe Commandant Filleau des sapeurs-pompiers de Bordeaux
Le bateau-pompe Commandant Filleau des sapeurs-pompiers de Bordeaux

En 1949 le ministère de la France d’Outre-Mer commande deux bateaux-pompes destinés au Haut-Commissariat de l’Indochine. Ils devaient assurer la sécurité des navires dans le Golfe du Tonkin. Ils sont construits par les Chantiers franco-belges situés à Villeneuve-la-Garenne, dans les Hauts-de-Seine, en région parisienne. Ainsi les premiers « pas » des deux bateaux-pompes se font sur la Seine !

L’affectation en Indochine est annulée du fait de l’évolution du conflit. L’un des deux navires gagne, par voies fluviales, le port de Marseille pour y devenir le Pythéas, armé par le Bataillon de marins-pompiers.

Son frère jumeau est acquis, lui, de façon conjointe par la Ville de Bordeaux et le Port autonome. Il regagne son affectation par mer et prend ses fonctions en août 1952. Il est baptisé Commandant Filleau, du nom d’un chef de corps des sapeurs-pompiers de Bordeaux mort au feu en 1845.

Les Chantiers franco-belges, devenus la Société française de construction navale, construiront quasiment sur le même modèle quatre bateaux-pompes affectés à la Marine nationale entre 1956 et 1961 pour la défense des ports militaires de Cherbourg, Brest, Lorient et Toulon.

Long de près de 21 mètres le Commandant Filleau déplace 85 tonnes à pleine charge, animé par deux moteurs Guascor de 250 cv et deux hélices à pas fixe.
Il atteint la vitesse de 12 nœuds et une autonomie de 900 miles.
Son équipement incendie est constitué de deux pompes de 1 000 m3/h à 6 bar (546 m3/h à 12 bar), de trois lances canons à eau dont une sur mât tourelle et un canon mixte eau-mousse. Pour la mise en œuvre de ce dernier, quand il s’agit de produire de la mousse, le bateau-pompe dispose d’une réserve de 3 000 litres de liquide émulseur.

En 1985 le Commandant Filleau heurte un haut fond et l’une de ses deux quilles verticales est déchirée en créant une voie d’eau. Le navire parvient à regagner son appontement mais coule à poste. Il est renfloué, remis en état et remotorisé. Ses équipements électriques et électroniques sont modernisés.

Les équipements de sécurité mis en œuvre dans le port de Bordeaux et le long des quais, la présence de barges pouvant rapidement être grées avec des pompes de grandes puissances, le tout associé à une baisse d’activité du port auront raison de la nécessité de maintenir un bateau-pompe.

Retiré du service en Octobre 2005 il a été vendu aux enchères. Roger SCHWAB, un chef d’entreprise yvelinois passionné de navigation fluviale, en a fait l’acquisition. Après des travaux de remise en état (peinture, redressement d’une hélice…) le Commandant Filleau a donc repris la route inverse de celle de sa livraison en 1952 et a regagné Conflans-Sainte-Honorine par voie maritime jusqu’à Rouen puis par voie fluviale (la Seine) jusqu’à la capitale de la batellerie.

A son départ de Bordeaux le journal Sud-Ouest titrera « Un mythe large les amarres ».

Une collection de photographies