L’échelle pivotante Steyaert Matford des sapeurs-pompiers de Valence/Bourgoin (1938-1974)


Matford, des automobiles et des camions…

En 1934 un accord de production est signé entre Ford SAF (Ford France) et le constructeur Alsacien Mathis (4ème constructeur français). Ford assemblait en France des modèles en grande partie à partir d’éléments importés des États-Unis et Mathis souhaitait investir le marché américain. La nouvelle société est baptisée Matford.

Châssis Matford V8.81
Châssis Matford V8.81

Mathis, dans son usine de Strasbourg, va alors produire, en plus de ses modèles, les modèles Ford, baptisés « Ford alsaciennes » par certains .

Mais en 1935 est commercialisé le premier modèle, né de la fusion des deux constructeurs, baptisé Alsace V8 , une élégante berline équipée d’un moteur V8 de 21 CV. Ce modèle sera décliné en plusieurs autres modèles de conduites intérieures1Cette expression définit la place du chauffeur, qui se situe à l’intérieur de l’habitacle, en opposition au coupé chauffeur, où celui-ci se trouvait à l’extérieur. : grand tourisme, coupé de ville, cabriolet …

Le moteur de 21 CV à huit cylindres en V à 90° de 3621 cm3 (ainsi que celui de 13 CV arrivé ultérieurement), va également équiper trois types d’ utilitaires : petits, légers et camions.

Matford sera ainsi fournisseur de l’Armée française et livrera plusieurs centaines de camions par exemple à l’Armée de l’air .

Et une échelle !

Echelle Steyaert Matford des sapeurs-pompiers de Bourgoin
Echelle Steyaert Matford des sapeurs-pompiers de Bourgoin

En 1938 Drouville livre aux sapeurs-pompiers de Valence dans la Drôme un parc d’échelles de 30 mètres du constructeur belge Steyaert sur un tel châssis.

Un accord avait été conclu entre les deux firmes pour la fourniture de tels agrès que Drouville ne produisait pas. Il est à noter que c’est Desautel qui assurait à l’époque la représentation régionale de Drouville.

Ce parc d’échelles, à quatre plans, en acier de haute résistance, et sa tourelle avaient la particularité d’être entièrement manœuvrables par des commandes électriques. Le courant électrique était fourni par une imposante génératrice montée sur le châssis à l’arrière de la cabine et qui alimentait les moteurs intégrés à la tourelle. Cette génératrice était entraînée et était donc attelée au moteur du châssis. Le surpoids engendré par l’installation de cette génératrice a nécessité un second essieu arrière non moteur, donnant à l’engin, avec sa tourelle grise, une silhouette et une allure bien originales !

Le parc d’échelles est équipé de parachutes automatiques et d’un limiteur de charge avec arrêt automatique lorsque la limite de charge est sur le point d’être atteinte. La mise en station se fait avec une stabilisation en H par quatre vérins à vis.

L’échelle est son châssis sont acquis, d’occasion, en 1959 par les sapeurs-pompiers isérois de Bourgoin. Cette commune fusionne en 1967 avec Jallieu pour former celle de Bourgoin-Jallieu. L’échelle est remplacée à Valence par une échelle Metz sur un châssis Citroën.

L’échelle Steyaert-Matford achève son service à Bourgoin-Jallieu en 1974 et elle est remplacée par une échelle pivotante automatique Magirus sur un châssis Berliet et il en est fait don au Musée des sapeurs-pompiers de Lyon qui, depuis, assure sa préservation. On peut donc aujourd’hui encore aller admirer cet agrès unique dans ce magnifique musée…

Des archives Steyeart font état d’une seconde livraison d’une de leurs échelles en France, à Saint-Cloud, plus légère, probablement une 24 mètres.

Sources

  • Pascal MARION et les archives photographiques de son père, le Cdt. Raymond MARION, ancien chef de corps des sapeurs-pompiers de Bourgoin-Jallieu,
  • André HORB, membre de la Commission Histoire, Musées et Musiques de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France,
  • Plaquettes commerciales STEYAERT de la collection de Georges LALOIRE,
  • Brochures techniques et commerciales MATFORD.
Une collection de photographies

Notes

Notes
1 Cette expression définit la place du chauffeur, qui se situe à l’intérieur de l’habitacle, en opposition au coupé chauffeur, où celui-ci se trouvait à l’extérieur.