Les bateaux-pompes de Toronto, Canada (depuis 1923)


Toronto, Canada
Toronto, Canada

La ville de Toronto est la plus grande ville du Canada et située près de la frontière entre le Canada et les États-Unis. Elle possède une côte d’une cinquantaine de kilomètres sur la partie nord-ouest du lac Ontario. Le lac Ontario est le plus à l’est et le plus petit des cinq Grands Lacs d’Amérique du Nord. Il s’étend sur plus de 18 000 km², ce qui le place au quatorzième rang dans le monde.

La ville a connu un Grand incendie en avril 1904 qui a détruit une grande partie du centre de la ville. Plus d’une centaine de bâtiments a été détruite, près de 5 000 personnes se sont retrouvées sans travail 1la ville comptait alors environ 200 000 habitants.. Une seule victime fut à déplorer. L’origine de cet incendie n’a pas été déterminée avec exactitude. Il a conduit à un durcissement des moyens de prévention et à un renforcement des moyens des services d’incendie de la ville de Toronto.

Le recours aux navires de servitude du Port

Avant la mise en service du premier bateau-pompe, qui se fera en 1923, Les moyens maritimes de lutte contre les incendies du port de Toronto était confiée à des remorqueurs, des ferries ou petits cargos équipés de moyens anti-incendie.
La majeure partie du temps ils étaient affectés à leurs charges utilitaires, remorquages, transports de frets ou de passagers. En cas de sinistres ils embarquaient des sapeurs-pompiers de Toronto et étaient donc utilisés comme bateaux-pompes occasionnels.

C’est le cas par exemple du remorqueur Nellie Bly2Elizabeth Jane Cochrane, dite Nellie Bly (1864-1922) est une journaliste américaine connue pour son tour du monde en 72 jours à l’image de Phileas Fogg, le célèbre personnage du roman de Jules Verne. ou du ferry/cargo J.T. Clark. Ce dernier appartenait à la compagnie privée Toronto Ferry Company, acquise en 1927 par la Toronto Transportation Commission (TTC) qui gère les transports publics de la ville de Toronto.

Le Charles A. Reed

En 1923 le port se dote d’un bateau-pompe, le City of Toronto, rebaptisé  Charles A. Reed, peut être du nom d’un ancien conseiller municipal de Toronto, Charles A. reed3Mais dont le mandat a été de courte durée et avec lequel aucun lien particulier n’a été établi avec les services d’incendie de Toronto., ou encore du nom de Richard Ardagh qui a été chef de corps des pompiers de Toronto de 1888 à 1895. Ce dernier est mort en 1895 des suites de ses blessures au cours de l’incendie du journal Globe dans le quartier d’affaires de Toronto.

C’est un navire à vapeur qui déplace 34 tonnes, à la coque en bois et long de 15 mètres. Il a été construit à Penetanguishene en Ontario.

L’intervention majeure du bateau-pompe aura été celle qui a consisté à lutter contre l’incendie qi a détruit le paquebot canadien Noronic dans le Port de Toronto en septembre 1949. Un incendie accidentel qui a fait entre 120 et 150 victimes4Le nombre exact de victimes n’a jamais été déterminé avec précision.. Non seulement le bateau-pompe a lutté contre l’incendie mais il également récupéré des victimes précipitées dans les eux du Lac Ontario par suite de la rupture d’une des échelles aériennes déployées depuis les quais par les sapeurs-pompiers. En effet celle-ci s’est pliée du fait de la précipitation des passagers voulant quitter le navire en flammes5Les membres de l’équipage, trop peu nombreux à bord au moment du sinistre ont été blâmés car ils n’auraient pas cherché à réveiller les passagers en cabines, auraient rapidement évacué le navire à la première alerte et aucun n’aurait alerté le pompiers ! Par ailleurs les passagers n’avaient pas été informés des procédures d’évacuation et les équipements incendie du bord se sont révélés défectueux..
Le Charles A. Reed est retiré du service en 1963 et converti en bateau de plaisance.

Le Rouille

En 1932 est finalisé le canal Welland, une voie navigable de 42 km de long qui relie le lac Ontario au lac Érié. Il fait partie de la voie maritime du Saint-Laurent et il permet aux bateaux de contourner les chutes du Niagara. Il va entrainer une forte augmentation du trafic maritime en permettant aux grands ports de Cleveland, Detroit, Milwaukee ou Chicago… d’être reliés à Montréal et à Québec et donc de leur permettre d’accéder à l’Océan et aux transits internationaux. Sur cette route se trouve Toronto qui va largement profiter économiquement des ce flux commerciaux.

Les autorités portuaires (la Toronto Harbour commission) envisage dès 1929 la mise en service d’un remorqueur puissant pour accompagner ce surcroit de trafic. Ce remorqueur devait être aussi brise-glace pour rendre le trafic toujours possible en hiver. Le Rouille, du nom d’un comptoir français de 1750, est mis en service en 1929. Il est long de 30 mètres. Son équipement incendie est constitué d’une pompe à incendie, de trois lances-canons et d’un distributeur de refoulements avec seize connexions possibles. Il est cédé en 1941 au Port d’Halifax qui, comme au cours de la Première guerre mondiale, devient le centre névralgique de l’effort de guerre.

Le William Lyon Mackenzie

Le trafic commercial s’intensifie toujours avec le cinquième programme du canal Welland dans les années 1950. Le Charles A. Reed est remplacé en 1964 par le William Lyon MacKenzie, du nom du premier maire de la ville de Toronto. Construit par Russel Brothers Limited à Owen Sound dans l’Ontario, il est long de près de 25 mètres, déplace 200 tonnes et file à une vitesse de 22 km/heure propulsé par deux moteurs diesel Cummins de 600 ch.

Les deux pompes Worthington d’un débit de 32 000 litres/min à une pression de 150 psi (environ 10 bar) sont animées par les moteurs de propulsion. La manœuvrabilité du navire est alors confiée à des moteurs hydrauliques auxiliaires Lucas Rotax.

Le navire est équipé de cinq lances Monitor d’un débit de 9 000 litres/min : une sur le toit du poste de pilotage, une à l’avant et une à l’arrière. Les deux dernières sont installées sur la nacelle d’un bras élévateur articulé de 16.50 mètres.

Le William Lyon MacKenzie a été le premier bateau-pompe équipé d’un bras élévateur articulé et pivotant à la place de l’habituelle tourelle, fixe ou parfois simplement rabattable.

Deux dévidoirs de tuyaux se trouvent sur le pont arrière et permettent d’établir des lignes d’eau pour alimenter les forces terrestres lors d’incendies à proximité du front de mer.

Il possède également une grue de manutention Hiab d’une capacité de cinq tonnes qui lui permet, par exemple, de mettre en place des barrages flottants pour lutter contre la pollution. Il peut mettre à l’eau une embarcation légère pneumatique semi-rigide Zodiac motorisée grâce à un bras de manutention S.W.L d’une capacité de 850 kg.

La position géographique de Toronto nécessitait que son bateau-pompe puisse intervenir même lorsque le port est pris dans les glaces. Sa coque en acier renforcé et son profil, le fuselage de sa proue, la puissance de ses moteurs font du William Lyon MacKenzie un véritable brise-glace et lui permettent d’intervenir douze mois par an et de libérer des voies de navigation.

En 2004 le navire subit une importante maintenance et rénovation. Ses moteurs de propulsion sont remplacés. Le bras élévateur articulé est déposé, révisé et remonté. Ainsi rénové le navire devrait être en service jusqu’en 2037 !

Le Sora

Le Sora est une ancienne vedette des gardes-côtes canadien construite en 1982 par Canadian Dredge & Dock Ltd. à Kingston.

Elle opérait  sur la rivière Detroit et le lac Erié et était utilisée pour les opérations nautiques diverses, le remorquage d’embarcations légères en panne ou en détresse,  l’évacuation médicale …

Elle est acquise en 2006 par les pompiers de Toronto. Équipée d’une motopompe à moteur Volkswagen diesel d’un débit de 2 000-2 200 l/min. Elle porte une lance-canon. Elle est un moyen nautique de réserve lorsque le  bateau-pompe  William Lyon MacKenzie est indisponible (maintenance…).Elle n’est pas un brise-glace et ne peut donc pas intervenir entre décembre et avril de l’année. Elle mesure 12.50 mètres de long, déplace 21 tonnes et est armée par l’équipage du William Lyon MacKenzie.

Elle est retirée du service en 2015.

Le William Thornton

En 2015 le Sora est remplacé par le William Thornton du nom d’une jeune sapeur-pompier de Toronto mort au feu en 1848. Âgé de 22 ans, il luttait contre l’incendie d’un immeuble de bureaux lorsqu’il a été blessé lors de l’effondrement d’un mur. Il est décédé deux jours plus tard des suites de ses blessures. Pour lui rendre hommage une plaque commémorative a été apposée en 2003 à l’emplacement approximatif de sa tombe au cimetière Saint-James à Toronto.

Le William Thornton est aussi une vedette polyvalente initialement en service chez les gardes-côtes canadiens depuis 1982 sous le nom de baptême Cape Hurd. Elle a été construite par Breton Industries Limited (Nouvelle Écosse).

Elle est longue de plus de 21 mètres, propulsée par deux moteurs diesel MTU DE 832 Kw à une vitesse de 33 km/h (18 nœuds). Elle déplace 55 tonnes.

Elle porte deux motopompes d’un débit de 500- 700 l/min.

Elle est équipée d’un bras de levage. Elle peut mettre à l’eau, grâce à une rampe arrière, une embarcation rigide gonflable de type RHIB (Rigid Hull Inflatable Boat) de six mètres de long pour effectuer des sauvetages.

Le bateau-pompe WM Mackenzie et la vedette William Thornton sont toujours en service, Ils sont amarrés aux quais du centre de secours Fire Station #334 à Queen’s Quay West.

Profil du bateau-pompe William Lyon Mackenzie de Toronto, Canada
Une collection de photographies

Notes

Notes
1 la ville comptait alors environ 200 000 habitants.
2 Elizabeth Jane Cochrane, dite Nellie Bly (1864-1922) est une journaliste américaine connue pour son tour du monde en 72 jours à l’image de Phileas Fogg, le célèbre personnage du roman de Jules Verne.
3 Mais dont le mandat a été de courte durée et avec lequel aucun lien particulier n’a été établi avec les services d’incendie de Toronto.
4 Le nombre exact de victimes n’a jamais été déterminé avec précision.
5 Les membres de l’équipage, trop peu nombreux à bord au moment du sinistre ont été blâmés car ils n’auraient pas cherché à réveiller les passagers en cabines, auraient rapidement évacué le navire à la première alerte et aucun n’aurait alerté le pompiers ! Par ailleurs les passagers n’avaient pas été informés des procédures d’évacuation et les équipements incendie du bord se sont révélés défectueux.