Le fourgon-pompe tonne Berliet GAK (1960 – 1973)


La gamme Berliet GAK avec équipement incendie Berliet

Chaine de Montage du Berliet GAK en 1962
Chaine de Montage du Berliet GAK en 1962

La série GAK du constructeur lyonnais Berliet est une gamme de camions de moyen tonnage lancée en 1958 et inaugurant chez celui-ci l’apparition de la cabine avancée fixe, baptisée Relaxe. C’est une fabrication monocoque en acier embouti qui permet des formes arrondies et harmonieuses. Complétée par un grand parebrise panoramique sans angles morts de visibilité, elle offre un excellent confort pour l’équipage sapeur-pompier lorsqu’il est gréé en véhicule incendie.

Les capacités des tonnes (de 2 500 à 3 500 litres selon les modèles),  leur puissance hydraulique (60 m3/h) ainsi qu’un dévidoir tournant pré-connecté à la pompe (alimentation axiale avec 80 mètres de tuyaux de 22 mm)  permettent à ces fourgons-pompes d’être utilisés en premier secours incendie. L’équipement est complété par deux dévidoirs mobiles et des aspiraux.

Le premier de la gamme incendie est le GAK 17 produit en 1960. Berliet en fera aussi un camion-citerne d’incendie et également un fourgon-pompe mixte (FPM  ou FM) dont le prototype est livré aux sapeurs-pompiers de Lyon en 1960 et qui sera détruit lors de la Catastrophe de Feyzin en 19661Les sapeurs-pompiers de Lyon mettent en départ neuf fourgons-pompes tonnes GAK 17 de 1961 à 1966 et trois 20 H2 en 1972. L’un d’entre-eux est détruit lors d’un départ en intervention, un autre lors de la catastrophe de Feyzin en 1966 avec le fourgon-pompe mixte, les trois sur GAK 17. Le fourgon-pompe mixte était le prototype de la série..

Le GAK 17 a été un grand classique chez les sapeurs-pompiers de France avec une production de plus de 850 exemplaires jusqu’en 1966 !

Tous sont équipés d’un moteur Hotchkiss à six cylindres à essence de 150 ch.

Le GAK 16 apparait en 1963. De gabarit un peu plus réduit, il est animé par un moteur Hotchkiss à quatre cylindres à essence de 125 ch. Il permet à Berliet de présenter sur le marché un exemplaire de la gamme GAK à un prix plus économique pour mieux se positionner vis à vis du concurrent direct du GAK incendie: le fourgon Guinard sur châssis Citroën 46 CDU. Environ 80 exemplaires sont produits2Dont une quarantaine d’échelles pivotantes Gugumus de 24 mètres..

Le GAK 18 est présenté en 1965. Il offre un poids total en charge plus important,  avec une capacité de la tonne du fourgon-pompe à 3 500 litres. Il est propulsé par un moteur à essence Hotchkiss à six cylindres de 170 ch. Une cinquantaine d’exemplaires sont produits. Cinq exemplaires sont produits en version 4×4 destinés à la distribution des secours en zone rurales et/ou montagneuses3Le premier fourgon-pompe tonne 4×4 est établi sur un châssis GAK 60 avec un moteur diesel. C’est un exemplaire unique livré aux sapeurs-pompiers de Saône-et-Loire..

Le GAK 619 remplace les GAK 17 et 18. Une dégradation des relations entre le constructeur Berliet et le fournisseur Hotchkiss pousse le constructeur à chercher un nouveau moteur. Ce sera au final un moteur Ford à six cylindres à essence  de 145 ch. Sur cette base seront produits des fourgons-pompes tonnes (tonne de 3 500 litres), des camions-citernes d’incendie (CCI) et des fourgons-pompes mixtes (FPM ou FM). Au total 185 exemplaire sont produits.

Ces engins sont tous équipés de la pompe centrifuge Berliet P23 au corps en bronze et à trois étages. Son débit est de 60 m3/h et son amorçage à anneau liquide. Elle présente un orifice d’aspiration de 110 mm de diamètre et deux sorties de refoulements de 65 et 70 mm.

De 1966 à 1970 Berliet produit environ 70 engins d’incendie à propulsion diesel avec un moteur quatre cylindres (le moteur type 420/30). Baptisé

GAK 70 c’est surtout la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris qui a mis en départ des fourgons-pompes tonnes sur ce châssis. La capacité de la tonne est de 2 500 litres et la pompe est toujours la pompe Berliet P23.

En 1968 Berliet souhaite proposer à ses clients utilisateurs un engin-pompe plus puissant que le GAK 619. Le moteur Ford qui l’équipe ne donne pas une totale satisfaction à ses utilisateurs et un projet de normes prévoit des performances hydrauliques plus importantes pour les fourgons-pompes tonnes.

C’est à nouveau un moteur Hotchkiss qui est choisi, un six cylindres à essence ds 170 ch (au lieu de 145 ch pour le moteur Ford du GAK 649). Ce modèle est baptisé GAK 20 H et est présenté en fourgon-pompe tonne  avec une capacité  de 3 500 litres et en camion-citerne d’incendie. Environ 530 engins-pompes de ce type sont produits4Ainsi qu’une cinquantaine d’échelles de 30 mètres installées sur ce châssis par Magirus.. Ces engins sont également équipés de la pompe Berliet P23.

Outre ses performances, l’engin se distingue de ses prédécesseurs par une tonne plus angulaire, deux phares ovales à la place des deux ou quatre circulaires, la roue de secours fixée sur la tonne, par l’absence de la prise électrique frontale…

Le Fourgon-pompe tonne Camiva Berliet GAK 20 H2

Fourgon-pompe tonne Berliet GAK 20 H2
Fourgon-pompe tonne Berliet GAK 20 H2

Camiva (Constructeurs associés de matériels d’incendie, voirie et aviation) est fondée en 1970 sous la forme d’une Société Anonyme, née de l’union entre Guinard Incendie et de Berliet. Camiva reprend la totalité des actifs de la société Guinard Incendie, y compris son siège social à Saint-Alban-Leysse en Savoie. Berliet y joint son département « voirie-incendie » et permet à Camiva d’utiliser ses poids-lourds pour produire des véhicules incendie.

En 1972 le GAK 20 H est modifié. La modification la plus importante porte sur l’hydraulique puisque l’engin est désormais équipé d’une pompe Camiva, la BG 60/3. Cette dernière offre un débit de 1 000 l/min à 15 bar de pression, deux sorties de refoulement de 65 mm, une de 100 mm et une autre de 40 mm. La pompe n’est pas intégrée au châssis sous forme carrossée comme pouvait l’être la pompe P23 sur les engins des gammes précédentes. Son  montage par Camiva lui permet d’être fonctionnelle pendant le déplacement de l’engin.

Camiva a également conçu la carrosserie incendie. La capacité de la tonne est ramenée à 2 800 litres. Les coffres de rangement sont plus hauts et leurs parties hautes arrivent au dessus de la partie basse du vitrage arrière de la cabine.

Une cinquantaine de fourgons-pompes tonnes sont produits sur ce châssis jusqu’en 1973. Il est alors remplacé par le châssis 770 KEH puis le 770 KB. Ce dernier est également appelé à un grand succès chez les sapeurs-pompiers et devient à son tour le fer de lance de la gamme incendie de Berliet  !

Comme d’autres fourgons d’autres constructeurs/fournisseurs, un certain nombre sur châssis Berliet GAK ont été rénovés par BBA, Rocher…

Distinction entre les différents GAK incendie

Châssis GAK 16, 17, 18, 619, 20H, 20 H2… comment les distinguer ces châssis alors qu’ils sont très proches les unes des autres vus de l’extérieur. La plaque constructeur reste bien entendu le moyen le plus sûr d’identification.

Un élément souvent mis en avant est le diamètre des roues. Pas facile de concrétiser cette différence sur des documents ou des photographies. Les dimensions sont indiquées en pouces5Un pouce vaut 2.54 cm. ! 19.5 pour le GAK 16, 22.5 pour le GAK 17 ou 18…

Fort heureusement d’autres indicateurs sont plus visibles. Mais compte tenu de la durée de service des fourgons GAK au seins des services d’incendie beaucoup de modifications ont eu lieu au fil des années: changement de roues pour homogénéiser le parc d’engins, de parechocs après un accident ou un accrochage (On voit ainsi des GAK 17 avec des phares ovoïdes !)…

Par ailleurs le constructeur lui même a pu apporter des modifications durant la production de tel ou tel modèle (le diamètre des roues par exemple).

L’identification est de ce fait parfois très compliquée. Mais voici ci-dessous quelques pistes pour nous aider.

Gamme Mise en production Fin de production Tonne* Coffres** Phares Roues*** Prise électrique frontale
GAK 17 1960 1966 Basse Bas Double paire circulaire dans calandre Huit écrous Oui
GAK 16 1963 1969 Basse Bas Simple paire circulaire dans carrosserie Six écrous, base creuse Oui
GAK 18 1965 1967 Haute Bas Double paire circulaire dans calandre Huit écrous, base non creuse Oui
GAK 619 1966 1969 Haute Bas Double paire circulaire dans calandre Huit écrous, base creuse Oui
GAK 20 H 1968 1973 Haute Bas Simple paire ovales dans calandre Huit écrous, base creuse Non
GAK 20 H2 1973 1973 Angulaire Hauts Simple paire ovales dans calandre Huit écrous, base creuse Non

*       Une tonne haute (porte 1 000 litres de plus) arrive à la hauteur du niveau haut du vitrage arrière de la cabine du châssis.
**     Des coffres hauts arrivent au dessus du niveau bas du vitrage de la cabine du châssis.
***   La base est partie la plus périphérique de la jante.

Fourgon-pompe tonne Camiva sur châssis Berliet GAK

Sources et remerciements

  • Jean-François Colombet, Les Berliet GAK d’incendie, Mensuel Charge Utile, Éditions Histoire et Collections, n° 96 et 97 de décembre 2000 et janvier 2001 (pages 34 à 39),
  • François Kieffer,  Les véhicules d’incendie Berliet à Cabine Relaxe, Magazine Charge Utile, Éditions Histoire et Collections, Hors Série n°56,
  • Jacques Périer. Les véhicules d’incendie à Lyon, Les Éditions du vingt mars, 1990. ISBN 2907922-19-X,
  • La Fondation de l’Automobile Marius-Berliet, Lyon. Site Internet de la Fondation.

Merci à Jean-Jacques DURAND, grand connaisseur du constructeur Lyonnais, pour son aide et les photographies qu’il a bien voulu nous confier.

Une collection de photographies

Notes

Notes
1 Les sapeurs-pompiers de Lyon mettent en départ neuf fourgons-pompes tonnes GAK 17 de 1961 à 1966 et trois 20 H2 en 1972. L’un d’entre-eux est détruit lors d’un départ en intervention, un autre lors de la catastrophe de Feyzin en 1966 avec le fourgon-pompe mixte, les trois sur GAK 17. Le fourgon-pompe mixte était le prototype de la série.
2 Dont une quarantaine d’échelles pivotantes Gugumus de 24 mètres.
3 Le premier fourgon-pompe tonne 4×4 est établi sur un châssis GAK 60 avec un moteur diesel. C’est un exemplaire unique livré aux sapeurs-pompiers de Saône-et-Loire.
4 Ainsi qu’une cinquantaine d’échelles de 30 mètres installées sur ce châssis par Magirus.
5 Un pouce vaut 2.54 cm.