Le fourgon-pompe Delahaye-Farcot modèle 1906 des sapeurs-pompiers de Paris
A l’aube du XXème siècle les départs pour feu des sapeurs-pompiers de Paris étaient constitués du premier départ, formé de la voiture de départ attelé et d’une échelle, tous deux hippomobiles, et d’un renfort en deuxième départ formés d’une pompe à vapeur et d’un fourgon de matériels, équipé comme le départ attelé. Les délais d’intervention sont alors peu satisfaisants : délai d’acheminement, délai de mise en pression de la pompe à vapeur…
A partir de 1900 sont mis en départ des pompes électriques automobiles intégrant une pompe entrainée, une tonne d’eau, un dévidoir tournant avec 40 mètres de tuyaux semi-rigides. Elles constituaient également un premier départ avec un fourgon et une échelle tous trois sur porteurs à traction électrique.
La traction électrique apporte certes une amélioration des délais d’intervention mais pose quelques problèmes d’utilisation: poids des accumulateurs et leur recharge, disponibilité des engins dont les accumulateurs sont vides….
Une évolution était nécessaire. Elle va se présenter avec l’arrivée du fourgon-pompe Delahaye-Farcot, dit modèle 1906. Elle va coïncider avec la motorisation des engins du Régiment. Le premier de la trentaine de ces fourgons qui seront mis en départ, arrive au sein de à la 7ème compagnie d’incendie du Régiment à la caserne rue Blanche, à Paris, en avril 1906.
Le châssis est un Delahaye type 27C. Delahaye est un constructeur français, établi à Tours depuis 1845, qui produit des automobiles et des camions depuis 1895.
Le type 27C est un châssis non carrossé animé par un moteur à pétrole à 4 cylindres de 50 chevaux. La transmission s’effectue par chaine avec une boite vitesse à trois rapports. Les roues sont à rayons, en bois, avec bandages en caoutchouc.
L’engin reçoit une pompe fabriquée par Farcot dont les ateliers sont installés à Saint-Ouen depuis 1846. Cette pompe est centrifuge et offre un débit de 120m3/h. L’équipement incendie est complété par trois dévidoirs totalisant ainsi 600 mètres de tuyaux de toile de 70 mm de diamètre.
L’équipage est formé de 15 hommes qui prennent place pour la plupart sur deux banquettes latérales: un chef de garde, deux sous-officiers, un conducteur, un fontainier, un téléphoniste et neufs caporaux et sapeurs. Ces derniers sont en capacité d’établir trois grosses lances ou six petites.
L’engin et son équipage, qui pouvaient filer à une vitesse de près de 50 km/h, remplacent à eux seuls le départ attelé (pompe à vapeur et fourgon auxiliaire). Ainsi entre 1907 et 1911 un engin automobile viendra remplacer chaque mois un départ attelé.
Ces fourgons, avec les premiers-secours qui arrivent quelques années plus tard, et les échelles, constitueront le départ normal , fer de lance de la force de frappe des interventions pour feux des sapeurs-pompiers de Paris.
Les fourgons type 27C commenceront à être remplacés à la fin des années 1920 par d’autres fourgons, à carrosseries fermées cette fois, sur des châssis Delahaye, Somua, Laffly et Renault avec une hydraulique assez semblable.
Sources :
- La fabuleuse histoire des pompiers, Commandant Raymond DEROO, Editions Tallandier, 2002, ISBN 2-84734-034-3
- Les grands feux du siècle, Jean-Claude DEMORY, E-T-A-I, 1999, ISBN 2-7268-8461
- Les véhicules des sapeurs-pompiers 1900-1970, Véhicules militaires magazine, Hors-série n°2 sous la direction de Jean-Claude DEMORY, ISSN 1772-9653.