Le départ attelé des pompiers de Paris


En 1888 le départ pour feu des pompiers de Paris est réorganisé à l’initiative du colonel Couston, commandant le Régiment de 1882 à 1888.

Le premier départ est alors constitué d’un fourgon dit départ attelé, qui existe depuis 18841Un départ attelé avait été mis en service dans chaque caserne parisienne. et d’une grande échelle. Si nécessaire ce premier départ est renforcé par le deuxième départ, qu’on tient prêt dès l’activation du premier départ constitué, lui, d’une pompe à vapeur et d’un fourgon d’accompagnement, chargé de matériels, proche du départ attelé. La nuit le départ de la pompe à vapeur est systématique. Ces quatre agrès sont hippomobiles.

Commençons par décrire ici le départ attelé.

Le châssis

Départ attelé des sapeurs-pompiers de Paris
Départ attelé des sapeurs-pompiers de Paris

Départ attelé en route vers une intervention
Départ attelé en route vers une intervention

Il est constitué de deux brancards en acier rivés à l’avant et rendus solidaires par deux entretoises et supportant un plancher. A l’avant se trouve le siège qui est est en fait un coffre faisant office de banquette. Il est équipé de deux accoudoirs et d’une galerie qui permet de recevoir trois crochets, deux pour porter deux lanternes et un pour un falot. A sa base un marchepied porte la pédale de frein et celle qui active le piston des deux cornes avertisseurs2Les cornes avertisseurs ont été introduites en 1882..

A l’arrière se trouve une caisse ouverte destinée à recevoir du matériel. Elle porte deux supports d’échelles verticaux en acier et est bordée de chaque coté d’une banquette. Devant chaque banquette une rampe en acier parcourt latéralement l’arrière du châssis. A l’avant de la caisse se trouve un autre coffre formant banquette, dite banquette d’avant, avec un accoudoir à chacune des ses extrémités.

L’essieu avant, relié au châssis par une articulation, est mobile. Il comprend une double suspension constituée chacune de six ressorts à cinq lames. Toujours sous le châssis et à l’arrière de l’essieu est positionné un coffre à trois compartiments fermé par des portes en acier. Ce coffre porte deux doubles marchepieds qui permettent à l’équipage d’embarquer.

A l’arrière de ce coffre se trouve le dévidoir à bobine. Celui-ci est suspendu en position haute lorsque le fourgon est en ordre de marche. Il est maintenu par deux chaines et deux anneaux fixés aux marchepieds arrières. Sa flèche est relevée et maintenue par une chainette. Il est descendu grâce à une manivelle latérale à poignée mobile qui actionne une vis sans fin engrenée sur une roue crantée.

L’essieu arrière comprend lui aussi une double suspension à six ressorts mais à huit lames. Un frein à sabot, constitué d’une barre et d’une pièce mobile, le sabot, vient s’appliquer sur chaque roue.

Le départ attelé avec ses matériels et son équipage présente une masse de près de trois tonnes. Il est tracté par deux chevaux.

L’équipage

Il est constitué de quatorze hommes: un conducteur et un ordonnance , deux sous-officiers et un chef de piquet,  un fontainier, deux dévideurs et un téléphoniste , deux chefs (caporaux), plusieurs servants et porte-lances.

L’équipement

Si le départ attelé est activé pour feu il l’est aussi pour des opérations de sauvetage. De ce fait il est très largement équipé en matériels et se révèle être une véritable boite à outils.

Il ne porte pas de réserve d’eau ni de pompe, les bouches à incendie, mises en place à partir de 1865,  sont en général suffisamment nombreuses à Paris pour ne pas mobiliser en premier départ un engin-pompe pour un feu dont l’importance n’est pas encore connu. Mais si la pression des bouches d’incendie sollicitées est trop faible ou s’il faut établir un nombre important de lances, la pompe à vapeur, qui se tient prête pour le deuxième départ, est engagée.

  • Le dévidoir à bobine  porte 320 mètres de gros tuyaux,
  • Différents outils: clef à molette, masse, mandrins, haches, pelles, pioches, bêches, fourches, pince…
  • Des équipements mis en œuvre pour le sauvetage: cordages et commandes, grappins, ceintures…
  • Du matériel hydraulique: petits tuyaux, une clef de barrage, un marteau de fontainier, une division, une retenue, quatre petites lances, deux grosses lances…
  • Du matériel d’éclairage: falot, lampes de sureté, flambeaux et leurs manches…
  • Du matériel de reconnaissance: un tuyau à air et un casque respiratoire…

Ces différents équipements sont complétés par du matériel de secours aux asphyxiés: une réserve d’oxygène, une échelle à coulisses et deux échelles à crochets ainsi qu’une gaffe.

La manœuvre

Arrivés sur les lieux du sinistre, les sous-officiers avec haches et commandes, le premier chef avec un cordage, un servant avec une échelle à crochets, l’ordonnance avec le flambeau et une lampe de sureté et le téléphoniste procèdent à une reconnaissance.

S’il y a nécessité d’un sauvetage, le premier sous-officier, le premier chef et son servant forment un trinôme, le second chef et son servant composent alors un binôme d’attaque et établissent une lance. Si aucun sauvetage n’est nécessaire alors deux équipes d’attaque sont formées.

Le chef de piquet, les dévideurs et le fontainier, constituant l’équipe d’alimentation, descendent le dévidoir et l’approchent du sinistre pour faire la jonction avec l’équipe d’attaque. Ils manœuvrent la bouche à incendie et alimentent en eau.

Pendant ce temps le conducteur reste près des chevaux et devient responsable des matériels.

Remplacement des départs attelés

Deux fourgons électriques sont mis en service en 1899 avec en emport de matériels comparable à celui du départ attelé. Au début du siècle suivant, et l’avènement du moteur à explosion et de l’automobile, arrivent les fourgons-pompes (1906) puis les premiers-secours (1913).

Notes

Notes
1 Un départ attelé avait été mis en service dans chaque caserne parisienne.
2 Les cornes avertisseurs ont été introduites en 1882.