Le crash du Tupolev T-144 au Bourget en 1973


Le 30ème Salon du Bourget

Le Salon international de l’aéronautique et de l’espace de Paris-Le Bourget, ou plus simplement le Salon du Bourget, est une des plus importantes manifestations internationales de présentation de matériels aéronautiques et spatiaux, se déroulant à l’aéroport du Bourget, au nord-est de Paris. C’est une véritable vitrine de l’industrie aéronautique avec de forts enjeux économiques, politiques et industriels.

30ème salon du Bourget
30ème salon du Bourget

Cet aéroport est situé à treize kilomètres au nord-est de Paris, sur quatre communes et deux départements : la Seine-Saint-Denis (Le Bourget et Dugny) et le Val-d’Oise (Bonneuil-en-France et Gonesse).

Le 30ème Salon, qui se déroule du 24 mai au 3 juin 1973, est dominé par la confrontation des deux appareils supersoniques civils: le Concorde, franco-britannique, et le Tupolev Tu-144 soviétique .
Les deux constructeurs, le Consortium franco-britannique Sud-Aviation/British Aircraft Corporation et Tupolev veulent démontrer, au cours des démonstrations en vol des deux appareils leur supériorité technologique avec à la clef des projets de mise en production et de domination aérienne.

Les deux appareils sont de conceptions très proches et beaucoup accusent les concepteurs et promoteurs du supersonique Tupolev Tu-144 d’avoir bénéficié dans son développement de l’espionnage industriel soviétique1De ce fait le Tupolev Tu-144 est souvent surnommé le Concordski !.

Le crash du Tupolev

Le Tupolev se crashe sur Goussainville
Le Tupolev se crashe sur Goussainville

Tupolev T-144 en vol
Tupolev T-144 en vol

Le dernier jour du salon, le 3 juin 1973, le Concorde et le Tupolev Tu-144 sont présentés devant un public de près de 350 000 personnes. Concorde fait une première démonstration, suivi par celle du Tupolev. L’appareil décolle et commence son vol d’exhibition par une ascension verticale de plus de 1 000 mètres puis décroche et soudain pique du nez, ne parvient pas à se redresser et se désintègre, dans sa descente brutale, à 200 mètres du sol.

Il est alors à cinq kilomètres au nord du Bourget, au-dessus de Goussainville dans le Val-d’Oise. Des milliers d’éclats et de fragments chutent vers le sol et atteignent la commune valdoisienne. Une quarantaine d’entre-eux est constituée de lourdes masses (réacteurs, ailes…). Une quinzaine d’incendies se déclare, dont l’un consume une école, le groupe scolaire Pasteur, heureusement vide ce dimanche après-midi. Des débris du Tupolev sont éparpillés: le cockpit enchevêtré dans les décombres d’un pavillon, des morceaux de fuselage ici et là, un fragment d’aile sur une clôture écrasée, un réacteur dans un jardin après avoir percuté une toiture dans sa chute, des éléments de siège accrochés à des fils électriques… Une forte odeur de kérosène flotte dans l’air.

Les secours

Des engins d'intervention en position à Goussainville
Des engins d'intervention en position à Goussainville

Les secours en action à Goussainville
Les secours en action à Goussainville

Fragment du fuselage du Tupolev
Fragment du fuselage du Tupolev

Un dispositif préventif, constitué de deux colonnes mobiles en plus des moyens de sauvetage et d’incendie de l’aéroport, avait été mis en place pour assurer la sécurité de la manifestation. Une colonne est positionnée à Fontenay-en-Parisis et l’autre à Gonesse. Ces deux communes sont situées au nord de l’aéroport et sont dans l’axe d’évolution des aéronefs2Effectivement le Tupolev s’est écrasé à Goussainville située entre ces deux communes.. Ce dispositif est placé sous les ordres du commandant Grenier, officier sapeur-pompier et Inspecteur départemental des services d’incendie et de secours du Val d’Oise3Il en deviendra le Directeur et chef de corps départemental avec le grade de colonel.. Ce dispositif intègre un détachement de sapeurs-pompiers de Paris.
Les secours s’acheminent rapidement vers Goussainville. Le commandant Grenier prend place à bord d’un hélicoptère Alouette III qui décolle de l’aéroport du Bourget pour se diriger vers l’impact du Tupolev, il sera un des premiers sur les lieux de l’accident. Le plan blanc est déclenché.
Les premiers secours sur place sont ceux des services d’incendie de l’aéroport du Bourget avec, en particulier, un engin d’intervention aéroportuaire Sides sur un châssis allemand Faun.
Le Service d’incendie du Val-d’Oise engage, en plus des détachements préventifs, douze véhicules de liaison (VLR), dix véhicules tous usages (CTU), dix-huit véhicules de secours aux asphyxiés et blessés (VSAB), un premier secours (PS), quatre fourgons-pompes tonnes (FPT), trois camions-citernes pour feux de forêts (CCF), deux dévidoirs automobiles (DATT), une échelle pivotante (EPA). Intervient également le camion-grue de Villiers-le-Bel pour des opérations de dégagement (et en particulier celles concernant le cockpit de l’avion). Plus de 210 sapeurs-pompiers interviennent (quatorze officiers, soixante sous-officiers et caporaux, cent-trente sapeurs) renforcés par une centaine de sapeurs-pompiers de Paris (dont une partie acheminée depuis le camp de Villeneuve-Saint-Georges). Plus d’un kilomètre de tuyaux est établie pour lutter contre les incendies.

Des moyens de la Croix-Rouge, de la Protection civile…sont engagés en plus des moyens sapeurs-pompiers. Les incendies sont rapidement maitrisés et les victimes prises en charge.
Les opérations de sauvetage se poursuivent jusqu’au lendemain en fin de matinée mais celles d’étaiement, de sécurisation des structures, de bâchages de toitures… se poursuivent jusqu’au jeudi 7 juin.

Des effectifs militaires de l’Armée de l’air, avec cinq camions-grues, prennent le relais pour dégager les débris de l’avion. Ces derniers sont acheminés vers la Base aérienne 104 de Dugny-Le Bourget.

Le Bilan

C’est le plus grave accident jamais survenu à date lors des exhibitions réalisées au Salon du Bourget.
Les six membres d’équipages et passagers du Tupolev figurent bien sur parmi les victimes. Au sol huit personnes sont tuées. On dénombre une trentaine de blessés dont une vingtaine hospitalisée.
Treize pavillons sont totalement détruits, une centaine très endommagée… C’est la limite sud-est de la commune qui a été la zone la plus sinistrée.

Une stèle du souvenir a été dressée à Goussainville pour rappeler ce tragique accident.

Profil du Tupolev Tu-144 Source: molumen

Notes

Notes
1 De ce fait le Tupolev Tu-144 est souvent surnommé le Concordski !
2 Effectivement le Tupolev s’est écrasé à Goussainville située entre ces deux communes.
3 Il en deviendra le Directeur et chef de corps départemental avec le grade de colonel.