La pompe à bras


Mise en œuvre d’une pompe à bras

Pompe à bras en action
Pompe à bras en action

La pompe à bras est d’abord transportée sur un brancard, acheminée par plusieurs servants au plus près de l’incendie où elle est déposée au sol.

La lance, fixe mais orientable, était alors dirigée vers les flammes. Une double chaine humaine doit se mettre en place: l’une montante qui permet d’alimenter le réservoir de la pompe à l’aide de seaux que l’on remplit grâce à des fontaines publiques ou des points d’eau et que l’on se passe de mains en mains, puis une chaine descendante qui rapporte les seaux vers leur lieu de remplissage. Cette chaine est constituée de servants mais également de citoyens volontaires. Le réservoir de la pompe peut être surmonté de paniers en osier permettant un tamisage de l’eau d’alimentation versée afin d’éviter d’endommager le corps de pompe.

Pompe à bras Champenois
Pompe à bras Champenois

Au fil du temps des améliorations ont permis une meilleure efficacité des pompes à bras, tant au niveau de leur acheminement que de leur mise en œuvre, sans parler de la sécurité des opérateurs.

L’acheminement d’abord a été amélioré en dotant d’essieux, supportant deux roues, un chariot portant la pompe.  Une flèche et sa traverse permettent à deux servants de tracter l’ensemble. Si elle est portée sur un charriot le dépôt au sol de la pompe se fait par basculement de ce dernier. Elle est maintenue sur son chariot par des chaines qu’il faut d’abord dégager. Ces chaines peuvent servir ensuite à déplacer la pompe, pour mieux la positionner, une fois qu’elle repose au sol.

Si elle a été d’abord acheminée à force d’hommes dans un premier temps, l’ensemble pompe/chariot est ensuite devenu hippomobile avec l’ajout d’un essieu supplémentaire et ses deux roues à l’avant. Orientable il permet d’améliorer la manœuvrabilité de la pompe et de son chariot1Le manque de manœuvrabilité des premières pompes à bras avait été relevé, par exemple lors du Grand incendie de Londres en 1666, du fait de l’étroitesse des rues du centre de la ville.. Il existe également des modèles avec un avant-train comme celui utilisé pour les trains d’artillerie militaires. Ces pompes qui nécessitent un chariot porteur à quatre roues sont en général plus lourdes et plus puissantes. Beaucoup de corps, et en particulier celui de Paris ou encore celui de Lyon, préfèrent opter pour des pompes plus légères et plus maniables portées par un chariot à deux roues seulement.

Les deux améliorations majeures liées à la mis en œuvre d’une pompe à bras sont apportées par Jan Van der Heyden, et son frère Nicolas au cours du XVIIe siècle:

  • L’invention du tuyau à incendie (1672). Ce dernier est en cuir maintenu par des rivets et se fixant à la pompe et à une lance par des raccords à vis. Il permet de s’affranchir de la lance fixe et de lutter contre les flammes en s’en approchant en gardant la pompe et ses servants plus éloignés et donc plus à l’abri du sinistre,
  • L’invention de l’aspiral (1698). Celui-ci a permis de s’affranchir de la chaine humaine de remplissage du réservoir de la pompe en la connectant directement à un point d’eau via un tuyau de diamètre adapté et un demi-raccord.

On obtient au final une pompe réellement foulante et refoulante, sans réservoir.

Pompe à bras  avec cloche de pression
Pompe à bras avec cloche de pression

Plus tard il sera ajouté une cloche de pression en forme de dôme2L’inventeur de ce dôme de régulation aurait été l’ingénieur Jacob Leupold (1674-1727) en 1719. Il est connu des physiciens pour ses travaux sur la pompe à vide.. Lorsque le piston refoule l’eau, une partie est dirigée vers ce dôme de forme sphérique et rempli d’air.  Ce volume d’eau entre dans le dôme en comprimant l’air qu’il contient. Cette eau sera relâchée en pression dans le circuit, poussée elle même par l’air également pressurisé, et donc vers la lance, chaque fois que le mouvement alternatif des pistons crée un déficit de pression (au moment où les deux mouvements des pistons s’inversent). Ainsi la pression en sortie de lance est régulée et le jet devient plus régulier.

Sapeurs-pompiers en exercice
Sapeurs-pompiers en exercice

Ce mécanisme correctif sera encore utilisé au début du XXe siècle, en particulier par le constructeur Arhens-Fox pour ses pompes !

Une pompe à bras standard, par exemple du modèle parisien à deux roues, permet un débit d’environ 250 l/min et nécessite et huit servants. Le jet peut atteindre une hauteur d’une vingtaine de mètres et entre 30 et 40 mètres en portée horizontale.

La sollicitation et les efforts physiques nécessaires pour mettre en œuvre les pompes à bras peuvent expliquer que les sapeurs-pompiers organisaient régulièrement des concours de manœuvres de pompes. Les critères retenus étaient la qualité du matériel, ses performances, sa maintenance, la cohésion des servants, leurs tenues, leur rapidité de déploiement et leur stratégie… Le corps gagnant recevait un diplôme et une médaille.

Ces pompes à bras étaient également présentes lors de manifestations festives, et fièrement montrées, comme le sont aujourd’hui les engins motorisés.

Notes

Notes
1 Le manque de manœuvrabilité des premières pompes à bras avait été relevé, par exemple lors du Grand incendie de Londres en 1666, du fait de l’étroitesse des rues du centre de la ville.
2 L’inventeur de ce dôme de régulation aurait été l’ingénieur Jacob Leupold (1674-1727) en 1719. Il est connu des physiciens pour ses travaux sur la pompe à vide.