les autopompes Berliet CBA des sapeurs-pompiers de Lyon
Lyon et la Grande guerre
La Grande guerre, qui ne devait durer que quelques mois, devient rapidement totale.
L’industrie française ne peut plus répondre plus à la demande en obus, munitions, poudre, camions, matériels et équipements… Il faut produire beaucoup et rapidement.
Les industriels et entreprises du Nord de la France, exposés à l’avancée des forces allemandes, se retirent vers l’intérieur du pays avec outils, matériels et ouvriers. Lyon, qui avait connu depuis le XIXe siècle un important essor industriel, devient une zone d’accueil privilégiée à l’arrière du front. Située sur l’axe stratégique Paris-Lyon-Marseille (PLM) la ville offre une desserte ferroviaire qui ne peut que favoriser les mouvements et l’acheminement des productions.
Si la ville est effectivement située à l’arrière du front, elle n’en est pas moins entièrement vouée à la guerre et devient le centre de la XIVème région militaire. On fabrique des obus et des bombes à Oullins, des mitrailleuses avec Hotchkiss à Montplaisir, des camions avec Rochet-Schneider et surtout Berliet qui devient une véritable machine de guerre avec sa production de camions CBA mais également d’obus…
Édouard Herriot, maire de Lyon depuis 19051Il restera maire de la ville jusqu’en 1957., qualifie sa ville d’arsenal immense !
Les sapeurs-pompiers de Lyon et la Grande guerre
La motorisation des engins des sapeurs-pompiers de Lyon s’amorce en 1907 et en 1909 ces derniers mettent en départ leur première autopompe, une pompe à incendie Berliet CAK. Équipée d’une pompe de conception proche de celle des pompes à vapeur à deux pistons, offre un débit de plus de 1 000 l/min.
C’est le premier véhicule d’incendie, produit par Berliet qui produisait jusque là des automobiles (plus de 1200 par an !) et qui avait conçu son premier camion en 1907 avec le type L.
Les sapeurs-pompiers lyonnais s’équiperont d’une seconde autopompe en 1909, une Delahaye 39 AP, équipée d’une pompe Farcot, cette fois centrifuge.
Une nouvelle autopompe, la troisième, que l’on désigne maintenant fourgon-pompe, est mise en départ en 1912. Ce fourgon-pompe, à nouveau un Berliet CAK, est équipé également d’une pompe à pistons, cette fois fournie par Drouville, et à quatre pistons en croix, capable de débiter 2 000 l/min.
Ces engins ne portent pas d’eau car le nombre de points d’eau est important dans l’agglomération. En 1914, pourtant, un nouveau fourgon-pompe avec une réserve d’eau de 400 litres est mis en départ pour renforcer la sécurité de l’Exposition urbaine internationale qui a lieu à Lyon de mai à novembre 1914. C’est un Delahaye-Farcot type 39P qui fait donc office de premier secours avec un dévidoir et 40 mètres de tuyaux pré-connectés à la pompe Farcot qui l’équipe.
Plus rapide que les fourgons-pompes, il peut procéder à un attaque du feu sans raccordement immédiat à un poteau ou à un bouche d’incendie grâce, là aussi, à son dévidoir tournant connecté à une tonne et à la pompe et qui permet d’établir rapidement une petite lance. Il dispose ainsi de quelques minutes d’autonomie déterminantes dans l’attaque des feux naissants. Sa dotation en tuyaux de plus fort diamètre, 200 mètres en 70 mm, lui permet d’établir une grosse lance si celle-ci est nécessaire.
En 1914 donc, à l’entrée dans la Première guerre mondiale, les sapeurs-pompiers de Lyon sont confrontés à des risques nouveaux et importants. La loi Dalbiez d’aout 1915 redéfinit la place des mobilisés et des mobilisables dans les armées. Ainsi des sapeurs-pompiers de Lyon, mobilisés, reviennent prendre leur service au corps de la ville pour faire face aux nouveaux dangers de la région, ces retours sont facilité par les autorités militaires compte-tenu de l’implication de Lyon dans la production liée à Défense nationale.
En ce qui concerne le matériel roulant, les sapeurs-pompiers de Lyon ont donc mis en départ quatre fourgons : deux Berliet sur châssis CAK et deux Delahaye 39 AP dont l’un grée en premier secours avec tonne d’eau.
Parrallèlement l’Armée, donc l’État, fournit au Corps un quatrième fourgon-pompe qui est mis en départ au début de l’année 1916. Le nouvel engin, le cinquième du parc des sapeurs-pompiers de Lyon, est destiné à renforcer le smoyens de lutte contre l’incendie de la Poudrerie de Saint-Fons. De fait il est mis en départ au Quartier central, siège de la première compagnie.
Quatre ans plus tard Berliet produit le modèle CBA, doté d’un cadre châssis en lame d’acier emboutie, d’un moteur à quatre cylindres coulés par paires, d’une puissance de 25 HP, d’une boîte quatre vitesses avant et une arrière et de roues en bois cerclées de caoutchouc.
Notes
↑1 | Il restera maire de la ville jusqu’en 1957. |
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