Les incendies durant le siège de Strasbourg de 1870


Le siège

La ville en feu
La ville en feu

Le siège de Strasbourg eut lieu pendant la guerre franco-prussienne de 1870. Le siège débute le 16 août 1870 après la bataille de Frœschwiller-Wœrth en Alsace qui eut lieu dix jours avant. Cette dernière, si elle est une défaite française, a permis de couvrir la retraite des troupes françaises démises vers Strasbourg, une des forteresses les mieux défendues du Pays. Beaucoup de civils s’y dirigent également pour y trouver refuge face à l’avancée prussienne.

L’Armée prussienne atteint Strasbourg le 12 août 1870, forte de 60 000 hommes et plusieurs centaines de pièces d’artillerie Krupp. La ville est alors assiégée pendant 46 jours. Le commandement prussien ordonne le bombardement à outrance de la ville, de ses fortifications et de ses habitants afin d’obtenir rapidement sa reddition rapide et forcer la garnison à se rendre. La ville compte alors 80 000 personnes dont 10 000 réfugiés. Elle est défendue par 11 000 militaires issus de régiments disparates avec un armement, en particulier une artillerie, très inférieur à celui des attaquants.
Plus de 5 000 bombes et opus prussiens atteignent la ville chaque jour avec une intensité particulièrement importante entre les 23 et 27 août 1La ville reçoit plus de 200 000 bombes et obus durant le siège !. Les Strasbourgeois se réfugient dans leurs caves. Les dégâts sont considérables, tous les quartiers de la ville sont touchés par les incendies provoqués par les projectiles ennemis, la cathédrale est atteinte, l’Aubette2Le bâtiment de l’Aubette de Strasbourg est un long immeuble fermant la face nord de la place Kléber, la place centrale de Strasbourg. Ancien bâtiment militaire puis centre de loisirs, il fut construit de 1765 à 1778. qui abritait le Musée des Beaux-Arts, l’église du Temple-Neuf, la bibliothèque de la ville, le gymnase protestant, la gare, le palais de justice3Le palais de justice est totalement détruit et avec lui les registres de l’État-civil., le théâtre, la préfecture… et bien entendu les habitations (plus de 400 !)…

Les secours aux victimes

Une ambulance de l'infanterie
Une ambulance de l'infanterie

L’hôpital civil peut recevoir 600 blessés et l’hôpital militaire 950.

Compte tenu du nombre important de blessés, des postes de secours (ambulances) sont établis en diverses places de la ville: au Grand et au Petit Séminaire (205 lits), au Séminaire protestant (140 lits), au Lycée (95 lits), au château impérial (92 lits), au couvent Saint-Joseph (91 lits), l’École normale (71 lits), à l’imprimerie Berger-Levrault (35 lits), chez les Petites sœurs des pauvres (20 lits), chez les Franciscains (19 lits), à la loge maçonnique (14 lits), chez les Sœurs réparatrices (10 lits), au Temple israélite (12 lits), au gymnase protestant… ainsi qu’au sein de maisons particulières.

Les élèves médecins de l’École de médecine de Strasbourg rejoignent ces postes avancés qui ne sont pas épargnés par les bombardements, pas plus que les hôpitaux. Le militaires de la garnison participent aux secours et les ambulances et les brancardiers de l’infanterie acheminent les blessés vers les hôpitaux ou les postes de secours. La halle couverte reçoit un restaurant populaire .

La lutte contre les incendies

Le Bataillon de sapeurs-pompiers de Strasbourg en 1870
Le Bataillon de sapeurs-pompiers de Strasbourg en 1870

En 1870 200 sapeurs-pompiers, 240 pendant le siège, organisés en bataillon, défendent Strasbourg. Ils sont répartis en quatre compagnies et huit dépôts d’incendie, sous les ordres du chef de bataillon Goerner4Le terme chef de bataillon est une des appellations du grade de commandant.. Lors des bombardements de très nombreux incendies se déclarent partout dans la ville et  les soldats du feu ont fort à faire. Armés de pompes à bras, ils sont aidés par les habitants mais leurs efforts paraissent dérisoires face au déchaînement incessant de l’artillerie prussienne. S’ils sont menacés par le danger des incendies et les impacts d’obus, ils soufrent également de la faim, du manque d’hygiène… quatre sont tués et 63 sont blessés. Le blessures sont occasionnées par les explosions d’obus et leurs éclats, les effondrements de bâtiments…

Des postes de sûreté sont établis partout dans le ville avec l’organisation de rondes, assurées par les assiégés, de manière à alerter dès les départs de feux.

Des sapeurs-pompiers et leur pompe à bras se dirigent vers des bâtiments en flammes
Des sapeurs-pompiers et leur pompe à bras se dirigent vers des bâtiments en flammes

Le 16 août 1870 le maire de Strasbourg publie un arrêté contre les risques d’incendies:  Les propriétaires ou principaux locataires des maisons sises dans l’intérieur de la ville placeront aux rez-de-chaussée, aux différents étages et surtout sur les greniers des cuves remplies d’eau, des linges ou des éponges imprégnés d’eau, ainsi que de la terre et du sable non mouillé, afin de pouvoir immédiatement éteindre les commencements d’incendie qui pourraient se produire .

En 1872 le gouverneur militaire Ulrich dira des sapeurs-pompiers de Strasbourg: ll serait injuste de ne pas faire la part des intrépides pompiers, dont le zèle ne s’est pas ralenti un instant et qui ont toujours continué la lutte contre l’incendie, alors même qu’ils étaient certains de l’impuissance de leurs efforts.

En février 1930 la croix de chevalier de la Légion d’Honneur est accordée au Bataillon pour commémorer sa conduite et ses actions durant le siège5Cette même distinction sera attribuée la même année aux sapeurs-pompiers de Lyon pour leur action héroïque lors de la catastrophe de Fourvière.. En mai de la même année cette Légion d’Honneur est épinglée à son drapeau. 17 médailles militaires récompensent des sapeurs-pompiers du Bataillon particulièrement héroïques.

La reddition

Finalement le Gouverneur militaire de Strasbourg, le général Jean-Jacques Uhrich (1802-1886), sous les ordres duquel la garnison défend la ville, décide la capitulation le 28 septembre 1870. Une partie des fortifications est effondrée et il tient à éviter des combats de rues en présence des civils. Un tiers de la ville est complètement détruit. On compte 260 tués, plus de 11 000 blessés et 10 000 sans abris.

Le 2 septembre 1870 Napoléon III avait capitulé à Sedan et avait été fait prisonnier avec son armée de près de 100 000 hommes.

Notes

Notes
1 La ville reçoit plus de 200 000 bombes et obus durant le siège !
2 Le bâtiment de l’Aubette de Strasbourg est un long immeuble fermant la face nord de la place Kléber, la place centrale de Strasbourg. Ancien bâtiment militaire puis centre de loisirs, il fut construit de 1765 à 1778.
3 Le palais de justice est totalement détruit et avec lui les registres de l’État-civil.
4 Le terme chef de bataillon est une des appellations du grade de commandant.
5 Cette même distinction sera attribuée la même année aux sapeurs-pompiers de Lyon pour leur action héroïque lors de la catastrophe de Fourvière.