L’alimentation en eau dans la lutte contre les incendies


Le poteau à incendie (PI)

Poteau à incendie
Poteau à incendie

Selon les pays ou les régions il est baptisé poteau d’incendie, borne d’incendie, borne-fontaine, borne hydrante ou plus simplement hydrant1Dérivé du mot allemand Hydrant.. On le définit comme un appareil de robinetterie raccordé à un réseau d’eau sous pression, en l’occurrence le réseau public d’eau potable. C’est un donc poteau, positionné verticalement, protégé ou non par un capot, d’une hauteur d’environ un mètre et équipé d’une, de deux ou de trois sorties de refoulements de même diamètre ou de diamètres différents.

Implantation d’un poteau à incendie

En France son implantation est décrite par la norme NF S 62-200.

  • Il doit être positionné sur la voie publique de manière à être facilement accessible par un engin-pompe des sapeurs-pompiers,
  • il doit être implanté sur un emplacement le moins vulnérable possible à la circulation automobile (exemple : décrochement de mur, pan coupé, etc.). Il peut être éventuellement mis à l’abri des chocs mécaniques (par exemple par un véhicule en manœuvre) par un système de protection ( muret, arceaux, piquets de protection…) et également, et dans une moindre mesure, par un coffrage ,
  • il doit être situé à une distance comprise entre 1 mètre et 5 mètres du bord de la chaussée et ses demi-raccords doivent toujours être orientés vers la chaussée,
  • il ne doit pas constituer un obstacle gênant, voire dangereux, pour la circulation des usagers (piétons, personnes à mobilité réduites, etc.),
  • Son fonctionnement ne doit pas être empêché, par exemple par le stationnement d’un véhicule,
  • Il doit être à distance d’un équipement électrique2Le volume sphérique de 10 mètres de rayon ayant pour centre l’intersection entre l’axe vertical du poteau et le niveau du sol, ne doit pas contenir d’installation électrique supérieure à 20 kV, à conducteurs non protégés.,
  • Pour permettre sa manœuvre et sa maintenance il, il doit être au centre d’un volume de dégagement sous la forme d’un cylindre vertical de 0.50 mètre de rayon et d’une hauteur de 2 mètres, libre de tout obstacle fixe.

Caractéristiques hydrauliques d’un poteau à incendie

Les poteaux à incendie garantissent en permanence un débit de 60 m3/h sous une pression de 1 bar minimum. Ils sont classés3Normes NF EN 14384 et NF S 61-213/CN. en trois catégories principales en fonction des besoins en débit mais également en rapport avec le type de raccords sur lesquels se connecter.

Type de poteau Orifice d’entrée de 65 ou 80 mm (DN804DN signifie Diamètre Nominal.) Orifice d’entrée de 100 mm (DN100) Orifice d’entrée de 150 mm (DN150)
Nombre de sorties de 100 mm 0 1 2
Nombre de sorties de 65 mm 1 2 1
Nombre de sorties de 40 mm 0 ou 2 0 0
Débit opérationnel ≥ 30 m3/h ≥ 60 m3/h ≥ 120 m3/h

Alimentation d’un engin-pompe par une borne à incendie (Fig. 1). L’engin-pompe [1] est alimenté en eau grâce à une borne à incendie [2]. Celle-ci est elle même alimentée par le réseau d’eau potable [3]. L’eau, refoulée en pression par la borne à incendie, est dirigée vers un orifice d’alimentation de l’engin-pompe [4] grâce à un établissement de tuyaux [5].
Le poteau est ouvert grâce à un carré de manœuvre situé sur la partie supérieure. Il se manœuvre avec une clé de barrage.

Fig.1

Divers types de poteaux à incendie

Il existe plusieurs types de poteaux à incendie. Pour les identifier rapidement il a été mis au point un code couleurs. Ces types se distinguent donc par leur couleur dominante (Fig. 2).

Fig. 2: Code couleurs des poteaux à incendie
Fig. 2: Code couleurs des poteaux à incendie

1. Lorsque le poteau d’incendie est raccordé au réseau d’adduction d’eau potable (public ou privé) et qu’il est donc en pression permanente, la couleur réglementaire est le rouge incendie .
Il s’agit du dispositif le plus fréquent et le plus rapide à mettre en œuvre pour alimenter les engins-pompes des services d’incendie.

2. Un poteau d’incendie jaune est branché sur un réseau d’eau sur-pressé et/ou additivé (mouillant/liquide émulseur). Sa mise en œuvre nécessite des précautions particulières, par exemple vérifier la pression admissible dans les tuyaux utilisés par les services d’incendie ou vigilance lors de son ouverture/fermeture. Ce type de poteau est souvent utilisé en milieu industriel.

3. Un poteau de couleur bleue n’est quand à lui pas directement raccordé au réseau d’eau. Il est raccordé à un point d’eau dédié à la lutte contre les incendies: un réservoir d’eau, sous-terrain ou aérien, une citerne souple … Pour l’utiliser il faudra donc aspirer l’eau de la réserve grâce à la pompe d’un engin-pompe ou d’une motopompe. De la même manière ce poteau peut servir à remplir à nouveau la réserve si celle-ci a été épuisée ou diminuée.

4. Un poteau de couleur verte n’est pas destiné à être utilisé pour la lutte contre les incendies. Il permet de prélever de l’eau en grande quantité en bordure de voie publique sans perturber le fonctionnement du réseau d’eau potable. Il peut être utilisé par des professionnels, par exemple ceux qui assurent l’entretien de la voirie… Il permet de laisser les poteaux d’incendie disponibles en permanence pour les services de secours.

Cas particulier du poteau d’aspiration

Comme vu plus haut le poteau de couleur bleue n’est pas directement raccordé au réseau d’eau. On le nomme poteau d’aspiration car la réserve d’eau auquel il donne accès ne peut être utilisée que par aspiration. Celle-ci est obtenue grâce à une motopompe ou un engin-pompe des services de secours.

Ce type de poteau est raccordé à une réserve d’eau comme un réservoir ou une citerne souple. Celle-ci doit offrir un volume minimum de 30 m3. Le poteau (parfois un simple col de cygne) doit être équipé d’au moins un raccord symétrique destiné à raccorder la motopompe des sapeurs-pompiers.
Le poteau a deux fonctions: celle qui permet d’aspirer l’eau de la réserve et l’autre de la remplir. Ce Remplissage s’effectue par par transvasement à partir d’un camion citerne.

Fig. 3: Réserve incendie souple avec poteau d’aspiration

Réserve incendie souple avec poteau d’aspiration (Fig. 3)

La citerne [1] est constituée d’une membrane type coussin fermée et totalement étanche. Cette dernière est elle même constituée d’une trame en polyester (armature assurant la résistance mécanique) enduite de plusieurs couches de PVC (assurant l’étanchéité) avec traitement anti–UV. Elle comporte une trappe de visite [2] et un trop-plein de sécurité anti-éclatement sur le dessus [3]. Elle est reliée à un poteau incendie [4], de couleur bleue donc, par une canalisation souterraine [5]. Celle-ci peut intégrer une vanne de sectionnement (non représentée ici) pour isoler citerne et poteau.

Le poteau à incendie peut être remplacé par une vanne directement connectée au flanc de la citerne (on parle alors de piquage) ou par un col de cygne fixé au sol, comme le poteau, et connecté comme lui à la réserve d’eau par une canalisation souterraine. Tous deux sont pourvus d’un raccord symétrique.

Notes

Notes
1 Dérivé du mot allemand Hydrant.
2 Le volume sphérique de 10 mètres de rayon ayant pour centre l’intersection entre l’axe vertical du poteau et le niveau du sol, ne doit pas contenir d’installation électrique supérieure à 20 kV, à conducteurs non protégés.
3 Normes NF EN 14384 et NF S 61-213/CN.
4 DN signifie Diamètre Nominal.